Paris sous tension by Histoire

Paris sous tension by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2016-08-24T14:32:41.031000+02:00
Publié: 2011-07-17T22:00:00+00:00


Paris romantique :

les pauvres et leurs quartiers

Dans les premières pages des Mystères de Paris, on suit « un homme de taille athlétique, vêtu d’une mauvaise blouse » – le Chourineur – qui marche dans Paris. « Cette nuit-là, le vent s’engouffrait violemment dans les espèces de ruelles de ce lugubre quartier ; la lueur blafarde, vacillante, des réverbères agités par la bise, se reflétait dans le ruisseau d’eau noirâtre qui coulait au milieu des pavés fangeux. Les maisons, couleur de boue, étaient percées de quelques rares fenêtres aux châssis vermoulus et presque sans carreaux. De noires, d’infectes allées conduisaient à des escaliers plus noirs, plus infects encore, et si perpendiculaires que l’on pouvait à peine les gravir à l’aide d’une corde à puits fixée aux murailles humides par des crampons de fer. Le rez-de-chaussée de quelques-unes de ces maisons était occupé par des étalages de charbonniers, de tripiers ou de revendeurs de mauvaises viandes.(1) »

Ce lugubre quartier, ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Rodolphe, de Rigolette et du Maître d’école le situeraient peut-être dans les faubourgs, près des barrières, mais non : nous sommes à deux pas de Notre-Dame, au cœur de l’île de la Cité : « Dix heures sonnaient dans le lointain à l’horloge du Palais de justice » au moment où le Chourineur va entrer dans le cabaret du Lapin-Blanc, rue aux Fèves.

Haussmann se souvient du même quartier qu’il traversait pour aller de son domicile, rue de la Chaussée-d’Antin, jusqu’à l’École de droit, place du Panthéon. Après avoir passé le pont au Change,

je longeais l’ancien Palais de justice, ayant à ma gauche l’amas ignoble de tapis francs qui déshonorait naguère la Cité, et que j’eus la joie de raser plus tard, de fond en comble – repaire de voleurs et d’assassins, qui semblaient là braver la Police correctionnelle et la Cour d’assises. Poursuivant ma route par le pont Saint-Michel, il me fallait franchir la pauvre petite place où se déversaient, comme dans un cloaque, les eaux des rues de la Harpe, de la Huchette, Saint-André-des-Arts et de l’Hirondelle(2).

Le baron eut donc un jour la joie de chasser de leur quartier La Chouette, la Goualeuse et Bras-Rouge, et de raser de fond en comble la rue de la Licorne, la rue de la Vieille-Draperie et même la petite rue de Jérusalem où se trouvait le siège central de la police – on disait « rue de Jérusalem » comme on dit aujourd’hui « quai des Orfèvres » ou « Scotland Yard ».

De tous les quartiers du Paris de 1830 avec ses douze arrondissements, la Cité est presque seule à avoir été à peu près détruite. Les autres sont toujours là même si le réseau de leurs rues, leur architecture, leurs repères et même leurs noms ont beaucoup changé. Le plus frappant, c’est de voir la place qu’occupent dans la ville actuelle les quartiers autrefois les plus pauvres, ceux où les loyers étaient les plus bas, où l’on ne payait pas l’impôt et où la mortalité infantile était deux fois plus élevée qu’ailleurs.



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