Par lui-même et par les siens by Chabrol

Par lui-même et par les siens by Chabrol

Auteur:Chabrol
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Stock


Les polars et Georges Simenon

C’est en lisant une collection de revues des années mille neuf cents qui s’appelait Je sais tout que j’ai découvert la nouvelle qui s’appelait « L’Arrestation » et qui marquait la naissance du héros Arsène Lupin dans cette publication, en 1903, sous la plume de Maurice Leblanc. La révélation de ce personnage m’a immédiatement fasciné. Je suis passé directement de Corneille et de Rodogune (sa seule pièce « policière ») à Arsène Lupin ! J’avais tout juste huit ans, et ma fréquentation assidue du monde policier a commencé ce jour-là. Les charmes de cette littérature n’ont jamais cessé d’agir sur moi depuis !

J’ai failli commencer ma carrière en adaptant un roman de Georges Simenon. Avant même d’écrire Le Beau Serge j’avais esquissé un projet autour du Fils Cardinaud. L’histoire est celle d’un bon père de famille dont la femme quitte le foyer conjugal sans crier gare. Il décide d’aller la récupérer et il finit par y arriver à force de droiture et de bon sens. Pas facile à tourner. J’avais pensé à un comédien à la mode dans la France des années cinquante, pour jouer l’homme qui rentre de la messe le dimanche les gâteaux à la main et trouve la maison vide, c’était Robert Lamoureux. Était-ce une bonne idée ? Je n’en suis pas sûr. Comme je connaissais un peu Georges Simenon, celui-ci m’avait laissé une option gratuite sur le livre pendant un an. Mais mes histoires de service militaire m’ont fait perdre du temps, et du coup c’est Gilles Grangier, flanqué de Michel Audiard, qui s’est emparé du Fils Cardinaud pour en faire Le Sang à la tête avec l’inévitable Jean Gabin. Comme le roman fait le portrait d’un être humble et effacé, vous imaginez Gabin là-dedans : impossible d’avoir une seconde d’humilité avec lui ! Le film fut donc un contresens absolu et monstrueux. On en a reparlé plus tard avec Simenon, et je dois dire qu’on a bien rigolé.

Quelques années passent, et je reviens à mon auteur favori pour faire Les Fantômes du chapelier avec Charles Boyer dans le rôle principal, Boyer qui m’avait fait faux bond sur À double tour. Là encore, on ne parvient pas à monter le projet. Et il a fallu attendre 1981 pour que je reprenne mon idée, en trouvant les deux acteurs qui me plaisaient pour cette fantaisie macabre, Michel Serrault et Charles Aznavour. Je fus un peu surpris par l’accueil mitigé voire glacial que reçut ce film. C’est tout juste si on ne m’a pas taxé de revenir à la « qualité française » que nous avions descendue en flammes au temps des Cahiers. Je trouve que ce film est exactement le contraire de l’académisme. Il respecte la dimension fantastique et l’humour noir du livre originel pour faire le portrait de ce tueur en série que Michel Serrault interprète de façon géniale, quand il sautille la nuit dans les rues de Concarneau, ou quand il rentre chez lui mimer avec sa cordelette la strangulation qu’il vient de rater… C’est une fantaisie terrifiante.



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