Ovibos. Le survivant de l'Arctique by Rémy Marion & Robert Gessain

Ovibos. Le survivant de l'Arctique by Rémy Marion & Robert Gessain

Auteur:Rémy Marion & Robert Gessain [Marion, Rémy & Gessain, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2020-10-08T00:00:00+00:00


Umingmaktôrmiut,

le Peuple des Nombreux Bœufs Musqués

Knud Rasmussen, explorateur danois, né au Groenland et pour qui l’eskimo était langue maternelle, fut un ethnologue de premier plan. Il mourut en 1933, dans la force de l’âge, pour avoir, dit-on, trop mangé de viande de phoque fortement faisandée, grand régal des Groenlandais. Son action la plus spectaculaire fut un voyage en traîneau à chiens du Groenland au Pacifique de 1921 à 1923.

Formé dès l’enfance à la rude vie de l’Arctique (à huit ans, il reçut de ses parents des chiens et un traîneau, puis un fusil), il parcourut avec ses compagnons eskimos, un Groenlandais de la côte ouest et sa femme, pendant deux ans, cette très longue route de neige et de glaces, visitant en route grand nombre de tribus. Il dirigea ensuite dans tout l’Arctique américain des équipes de recherches de savants danois qui publièrent avec lui ce qui reste une des œuvres les plus marquantes de la recherche anthropologique internationale.

Pendant la deuxième année de sa randonnée, en hiver 1923, dans l’Arctique canadien, cherchant à séjourner parmi un groupe eskimo, il choisit une tribu qui n’avait jamais été décrite avant lui : Umingmaktôrmiut, “le peuple chez qui il y a beaucoup de bœufs musqués”. Ils vivaient, lorsque K. Rasmussen leur rendit visite, entre 66 et 67 degrés de latitude nord, vers 109 degrés de longitude ouest, dans le Sud de la presqu’île de Kent. C’était un peuple essentiellement de l’intérieur des terres où, dans un pays de hauts plateaux, du printemps à l’automne, ils chassaient les bœufs musqués jadis très abondants. En hiver, ils descendaient vers la mer où, en étroit contact avec une population eskimo côtière, ils harponnaient les phoques à travers la glace au trou respiratoire. Cette double morphologie d’activité de chasse, à l’intérieur des terres et sur la côte, est digne d’être remarquée, on la retrouve chez d’autres chasseurs de bœufs musqués de la lointaine Préhistoire.

C’est le 22 novembre 1923 que K. Rasmussen arriva chez les Umingmaktôrmiut. Lui et ses compagnons eurent beaucoup de peine, au milieu d’une terrible tempête de neige, par – 40 oC, à trouver les igloos ; ils furent guidés, dans les bourrasques de poudrerie aveuglante, par les cris de chiens se répondant, les leurs et ceux du village ; il fallut un certain temps avant que les gens du village puissent les discerner à travers les vagues de neige soulevées par l’ouragan déferlant sur leurs traîneaux.

Dès leur arrivée, les hommes se mirent à l’ouvrage et, une heure plus tard, les visiteurs s’installaient dans une grande et confortable maison de neige.

Aussitôt leur nouvelle demeure fut envahie par des femmes apportant des cadeaux de nourriture : viande, saumon, graisse… dons de bienvenue. “En toute modestie je protestais, dit K. Rasmussen, contre toute cette nourriture qui graduellement s’amoncelait en un tas énorme sur la plate-forme, mais en vain ; nul ne désirait rompre la coutume de bon accueil vis-à-vis de l’arrivant. Cette cordialité, ce désir d’aider – fruit de leur grand sens inné de l’hospitalité – ne tarit pas durant tout le temps où je fus parmi eux.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.