Osez 20 histoires d'infidélité by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles érotiques
Publié: 2012-03-19T23:00:00+00:00

LA VENDEUSE DE BÉTEL

Nadine

Pascal est parti en fin d’après-midi. Il m’a fait un rapide baiser sur la bouche, il était en retard :

— Mon Paris-Taipei est à 17 h 10, il faut que je file, mon amour. Prends soin de toi, je te téléphone dès que j’arrive.

La porte de notre appartement a claqué. Un bruit sec. J’étais seule. L’appartement vide. Faire la vaisselle. Ranger.

Le téléphone a sonné quelques minutes plus tard. Pascal avait dû oublier quelque chose :

— Nadine, c’est Pierre. Pascal m’a dit qu’il devait passer la fin de la semaine à Taiwan. Ça te dirait, un petit resto indien près des Buttes Chaumont ?

Pierre, un des meilleurs amis de Pascal, avait un petit sourire charmant qui lui permettait de vendre un réfrigérateur à un esquimau en arborant un air angélique de scout. Pierre travaillait en free lance pour l’entreprise de Pascal en assurant les relations avec les médias.

Pascal devait être maintenant à l’aéroport de Roissy.

J’ai accepté l’invitation de Pierre en lui proposant de venir me chercher à la maison. J’ai planqué mon jean sale sous le lit, j’ai enfilé une robe noire plutôt courte, ma D and G préférée, celle qui a un joli décolleté.

Pascal devait lire un journal dans la salle d’attente du terminal d’embarquement. Il avait déjà retiré sa cravate.

Pierre avait déjà retiré sa cravate. Sa chemise blanche était largement ouverte sur son torse, un torse un peu moins poilu que celui de Pascal. Pierre était beaucoup moins grand que Pascal. Pierre avait un style différent de celui de Pascal. Pierre était un poseur élégant, et Pascal un éternel adolescent jeté malgré lui dans le monde des affaires. Pierre était un parasite, Pascal un bâtisseur. Pierre était un flagorneur, Pascal un romantique. Mais Pierre avait toujours une conversation douce et agréable, Pierre avait en lui un peu de ce sang italien qui rend les hommes irrésistibles car machos à l’extérieur et féminins à l’intérieur.

Pascal venait sans doute de monter dans l’avion. Il avait fait son plus beau sourire à l’hôtesse.

Pierre m’a fait son plus beau sourire en s’asseyant dans le canapé. Je lui ai servi une donna rossa, le cocktail préféré de Pascal, qui était devenu le cocktail préféré de Pierre. En fait, Pierre aimait bien piquer les trucs des autres. Et ce soir, il allait essayer de piquer sa femme à Pascal : moi !

Est-ce qu’ils servent des donna rossa dans les avions ? J’imagine Pascal installé en business class en train de se faire servir un donna rossa par une délicieuse hôtesse qu’il va dragouiller pendant tout le vol.

Pierre ne dragouille pas, il drague. Il a déjà mis sa main sur mon épaule nue et me dit :

— Je te trouve très séduisante.

— Je te trouve très culotté.

— Je t’ai toujours trouvée très séduisante.

— Je t’ai toujours trouvé très culotté.

Et à ce moment, Pierre, qui n’a peur de rien, rapproche son visage du mien pour tenter de m’embrasser. Je le repousse en confirmant mon geste avec mes mots :

— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

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