Osez 20 histoires de sexe en 2050 by Collectif

Osez 20 histoires de sexe en 2050 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Romans érotiques, Nouvelles
Éditeur: La Musardine
Publié: 2014-04-04T22:00:00+00:00


LA BULLE

Frida Ebneter

Il la suivait pas à pas. Depuis longtemps.

Elle ne se souvient pas qu’il y ait eu dans le passé une époque où il n’était pas là. Elle pouvait sentir sa présence n’importe où, n’importe quand, mais son jour favori, c’était le dimanche. Son assiduité était si oppressante qu’elle avait toutes les peines du monde à le repousser, et quand elle croyait l’avoir semé, il la rattrapait, annihilait sa volonté d’agir, et l’angoisse à nouveau lui serrait la poitrine comme un étau.

Son nom était l’Ennui.

Elle n’avait jamais parlé de lui à Marc, bien qu’il se soit immiscé dans leur foyer, mais son mari avait des antennes.

Pour contrarier l’intrus, Jeannine accepta un jour la proposition qu’on lui fit de tenir une permanence d’écoute le dimanche, à partir de 17 heures. Marc n’émit aucune objection.

Il n’avait jamais l’air de la voir, pourtant elle avait beau lui cacher ses états d’âme, conserver une égalité d’humeur qui tromperait tout autre que lui, Marc percevait le moindre de ses émois.

Il était très tendre quand il lui faisait l’amour, il la caressait longtemps avant de la prendre, toujours en silence – ou presque – et dans ces moments-là, l’intrus boudait, disparaissait comme un fantôme à travers le mur. Apparemment vaincu.

Ils avaient fait un mariage d’inclination, mais en dehors des moments intimes où ils s’unissaient, Marc se montrait distant envers elle. Jeannine aurait aimé qu’il la prenne de temps en temps par les épaules ou par la taille, par exemple quand ils marchaient côte à côte sur une route tranquille, en Touraine où ils avaient une petite maison de vacances, mais il ne la touchait jamais, se bornant, avant de partir au travail ou en rentrant, à lui déposer un baiser sur la joue ou sur le front. Surtout, il ne lui parlait jamais de ce qu’il éprouvait pour elle.

Pourtant, quand ils étaient couchés côte à côte, il lui arrivait de sentir la main de son mari se poser sur la sienne, et ce contact la réconciliait pour un temps avec l’existence.

Marc n’avait jamais l’air de quelqu’un qu’on dérange, même si elle venait l’interrompre dans une lecture qui l’absorbait. Et quand il se heurtait à l’adversité – ce que Jeannine appelait « les ondes négatives », il en prenait son parti, se contentant de dire : « C’est ennuyeux. » Profondément pessimiste, il était surpris agréablement quand il avait affaire avec quelqu’un de désintéressé, animé du désir de bien agir.

Le dimanche, quand il se retirait dans son cabinet de travail, Jeannine, après le déjeuner s’en allait parcourir les sentiers boisés, en pente, du parc de Belleville, dont l’une des entrées donnait en haut de la rue des Couronnes où le couple demeurait. Elle espérait, par la marche à pied, venir à bout de ce compagnon invisible qui l’escortait sans relâche. Le tuer.

Il arriva qu’un après-midi d’août – la chaleur était étouffante, le ciel plombé, et Marc avait fermé à l’espagnolette les persiennes de son bureau –, Jeannine perçut derrière elle, alors qu’elle descendait les allées sinueuses



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