On n'en croit pas ses yeux by John Dickson Carr

Auteur:John Dickson Carr [Carr,John Dickson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Éditions Ditis
Publié: 2017-09-10T00:00:00+00:00

11

Le clocher de l’église sonna neuf heures et demie. Dans le jardin des Fane, la lune éclairait un couple qui se tenait debout, les yeux fixés sur les fenêtres de la malade.

La voiture des médecins, et l’ambulance qui venait d’apporter le sérum antitétanique stationnaient dans l’avenue.

Ann Browning et Phil Courtney s’entretenaient à voix basse.

— Y a-t-il un espoir de la sauver ? demanda Ann. Dites-moi qu’elle n’est pas perdue !

— Comment saurais-je, Ann ? Je me souviens seulement d’avoir lu que, si les symptômes se précipitent, le malade est condamné !

Ann posa sa main blanche et tiède sur le bras du jeune homme. Il la sentit trembler et fut ému de la voir si pâle avec tant de détresse dans les yeux.

— Comment est-ce possible, gémit-elle, qu’une épingle rouillée soit cause de tant de mal ? Et dire que c’est moi qui aurais pu commettre cette erreur ! Pauvre Vicky !

Courtney prit la main tremblante dans la sienne et fit faire à la jeune fille quelques pas dans le jardin pour tenter de l’apaiser.

— Voyez-vous ! dit-elle, je n’avais pas remarqué que cette épingle était rouillée…

— Elle ne l’était pas, affirma Courtney. Je l’ai vue briller au reflet de la lampe. Du reste, ce n’est pas cela qui compte. Le bacille peut se trouver dans l’air, dans la poussière, n’importe où !

Deux des fenêtres de la maison s’illuminèrent soudain. C’était dans la chambre qui faisait face à celle de Vicky. Une silhouette se dessina – celle d’Hubert Fane. On le vit se promener de long en large, les mains derrière le dos, mais on n’entendait aucun son, aucune voix.

— Il vaudrait mieux que nous rentrions, Ann, suggéra le jeune homme ; nous attendrons dans la maison le verdict des médecins. Sir Stanley ne manquera pas de nous tenir au courant de l’évolution du mal.

Mais Ann retenait ses larmes avec peine.

— Vicky est un être tellement exceptionnel, murmura-t-elle. Elle est si droite, si dévouée, elle a le don du sacrifice… Quel malheur si…

La porte du jardin grinça. Le docteur Rich, coiffé d’un feutre noir à larges bords, s’approcha d’un pas hésitant.

— C’est bien Miss Browning ? demanda-t-il en essayant de voir dans la pénombre, et Mr…

— Courtney…

— Ah oui ! le secrétaire de Sir Stanley. J’espère que je ne vous dérange pas ! Je suis venu aux nouvelles.

— Vous osez en demander ! s’indigna Ann.

— Comment ? s’étonna le docteur.

— Docteur, dit la jeune fille en accentuant les mots avec une cruauté voulue, je me demande à combien de personnes votre négligence professionnelle a coûté la vie, mais le fait est que vous aurez probablement causé la mort de Vicky Fane… Car, à l’heure qu’il est, elle est mourante.

— Je ne sais pas au monde de quoi vous parlez ! répondit le docteur en s’efforçant de distinguer les traits bouleversés de la jeune fille.

— Ann, je vous en prie, calmez-vous ! pria le jeune homme un peu gêné, en entourant de son bras les épaules de sa compagne. Il la sentit

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