On la trouvait plutôt jolie by Michel BUSSI

On la trouvait plutôt jolie by Michel BUSSI

Auteur:Michel BUSSI [BUSSI, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presse de la cite
Publié: 2017-10-11T22:00:00+00:00


– 40 –

7 h 04

* * *

Merci.

Ce simple mot, à peine prononcé, tout juste chuchoté, à bout de souffle, se répétait à l’infini dans le subconscient de Jourdain Blanc-Martin. Quand il avait allumé son ordinateur, à très exactement 7 heures du matin, en fond d’écran, à la place de l’habituelle photographie du Marité au large de la presqu’île de Port-de-Bouc, s’était affiché le visage de sa mère. Il avait mis quelques secondes à comprendre, avant de se souvenir qu’il l’avait programmé il y a plusieurs mois, pour ne pas oublier la date.

Il y a dix ans, jour pour jour, sa mère s’était endormie dans ses bras, dans le grand lit de sa maison de Sausset-les-Pins, avenue de la Côte-Bleue, face aux îles du Frioul. Tranquillement. Sereinement, comme une petite étoile qui s’efface au matin pour laisser place à la lumière. Peut-être plus heureuse qu’elle ne l’avait jamais été.

Merci, lui avait-elle murmuré avant de fermer les yeux pour laisser le noir entrer.

Merci, Jordy.

Ce furent les deux derniers mots de sa mère, pensa Blanc-Martin. Ce fut aussi la dernière fois qu’un être humain l’appelait par son véritable prénom.

Jordy.

Depuis que sa mère était partie, tout le monde l’appelait Jourdain. Ses six cents salariés, les quinze membres du conseil d’administration, ses trois fils, sa femme.

Blanc-Martin renvoya pour la troisième fois l’instruction à sa secrétaire. Ne pas oublier d’envoyer une couronne de fleurs au cimetière Saint-Roch et une autre pour la messe qui serait prononcée à 11 heures à l’église Saint-Cézaire.

Il avait beau fouiller au plus profond de sa mémoire, il ne conservait que peu de souvenirs de jeunesse avec sa mère. Quelques images et des bruits des manifs où elle le traînait, haut comme trois pommes, sur la Canebière, minot sous le drapeau de la CGT. Annette Blanc était une militante, une battante, une pasionaria portée par le mistral de la contestation sociale. Une rouge ! Aussi rouge que son père, Bernard Martin, était incolore. Neutre. Apolitique. Abstentionniste. Militant de rien, nihiliste de tout après que les chantiers navals de Port-de-Bouc eurent fermé. Jordy avait grandi coincé entre la mer et les immeubles des Aigues Douces, fréquenté l’école Victor-Hugo, le collège Frédéric-Mistral. Lors des rencontres parents-profs, où seule sa mère venait, pour gueuler, il était le gamin dont on ne se souvenait pas. Jordy ? Jordy comment ? Jordy Martin ? Attendez… Celui dont le prof commente les notes, pas si mauvaises, sans se souvenir du son de sa voix.

Jourdain resta de longues secondes à fixer le portrait de sa mère, avant d’enfin ouvrir le fichier texte. Tout était silencieux dans la villa la Lavéra. Il disposait d’un peu de temps avant que Safietou n’installe le petit déjeuner. S’il se concentrait, ce serait suffisant pour jeter les bases du discours qu’il devait prononcer le lendemain pour l’inauguration du symposium Frontex au palais du Pharo. L’agence européenne, pour s’acheter une virginité, avait adopté la stratégie risquée de confier l’introduction du séminaire aux associations.

Carte blanche.

Blanc-Martin n’allait pas les décevoir…

Il se laissa pourtant distraire quelques instants avant



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.