OMC, le pouvoir invisible by Bertrand Agnès

OMC, le pouvoir invisible by Bertrand Agnès

Auteur:Bertrand, Agnès [Bertrand, Agnès]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Manipulation, Economie, Ecologie, Politique, Totalitarisme, Grunn
ISBN: 9782213611280
Éditeur: Fayard
Publié: 2002-09-30T22:00:00+00:00


Sponsors au sommet

Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, les émissaires des blocs qui dominent l’économie mondiale arrivent à Seattle, le 30 novembre 1999, dépourvus du moindre texte ayant reçu l’assentiment préalable des ambassadeurs des pays membres. Ils claironnent pourtant que le grandiose cycle du millénaire démarre sous de bons augures, que l’économie mondiale et chacun des pays membres ont quelque chose à gagner à ces nouveaux accords de libéralisation. Que les quelques petites différences qui subsistent entre certains pays trouveront à Seattle une issue favorable.

Les habitudes ont la peau dure. La vieille méthode du bluff et du chantage est censée avoir raison de l’opposition manifestée par près d’une douzaine de nations. Le renfort du milieu des affaires a-t-il fait oublier l’essentiel aux négociateurs ? La société civile comme de nombreux pays du Sud sont farouchement opposés à un nouveau round, en connaissent le contenu et sont capables de discuter pied à pied des enjeux et conséquences des accords projetés.

Méthode Coué ou simple arrogance ? Probablement un peu des deux. Les représentants à l’OMC n’ont pas pour habitude de lire ceux qui les contestent. Ils les proclament volontiers ignorants ou mal informés. Même si Mike Moore a reçu en de nombreuses occasions des délégations d’ONG critiques, il n’a pas poussé le zèle jusqu’à les écouter ou à s’attarder sur leurs écrits. Il en va de même pour le commissaire européen Pascal Lamy, qui a remplacé Leon Brittan à la Commission en juillet 1999. Cet ex du Crédit Lyonnais, ancien président de la commission prospective du CNPF (actuel Medef), se targue d’appartenir au Parti socialiste. Beaucoup plus doué que son prédécesseur dans l’habillage sémantique, il se fait fort de « vendre » le round. Ses collaborateurs le surnomment « le moine technocrate », « l’Exocet » ou encore « le tueur ». Il n’a pas l’habitude de perdre. Quant à la négociatrice américaine Charlene Barshevsky, elle est redoutable. Incontestablement très intelligente, elle a un don pour désarçonner ses adversaires en affichant un mépris qui prétend les ravaler au rang de fourmis.

À Seattle, les ministres sont en terre américaine. Dans la patrie par excellence du libéralisme, on n’a pas l’habitude de faire des complexes sur la prééminence du privé par rapport au public. Cela fait si bien partie du paysage culturel que çà et là on peut lire des articles sur la privatisation des Nations unies, une mesure qui serait souhaitable pour économiser l’argent des contribuables.

Grande première du round du millénaire, les firmes privées ont reçu des invitations à subventionner la ministérielle. Un comité d’accueil pour Seattle - la Seattle Hosting Organization, la bien nommée SHO - a été créé pour l’occasion. Exclusivement composé de firmes privées, il classe les sponsors en catégories selon le montant de leurs contributions financières : sponsors de diamant pour les donations entre 150 000 et 250 000 dollars, sponsors d’émeraude au-delà de 250 000, parmi lesquels on compte Boeing, Microsoft, General Motors, Ford et la firme de consultants Deloitte & Touche. Ces derniers ont droit à cinq invitations au dîner ministériel.



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