Odyssée mexicaine by Kijû YOSHIDA

Odyssée mexicaine by Kijû YOSHIDA

Auteur:Kijû YOSHIDA
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Capricci Editions


«Je crois qu'il n'y avait pas de fleurs alors,

dans le monde où l'oiseau-mouche fonçait

à l'avant de la création.

Je crois qu'il perçait de son long be

les lentes veines végétales.

Probable qu'il était grand.

Comme il est dit que jadis mousses

et petits lézards étaient grands.

Probable qu'il était un monstre méchant et terrifiant.

Nous le regardons par le petit bout

de la longue lorgnette du Temps.

Et c'est heureux pour nous.»

Le poète ne regarde pas directement le colibri. Comme le trahit l'expression «le petit bout de la longue lorgnette du Temps», ce qu'il observe n'en est que la représentation, déjà connue de nous par le biais de la théorie de l'évolution. Sans doute est-il facile d'en pointer les contradictions et les artifices trompeurs. Lawrence croyait que le retour au monde primitif du silence serait régénération de la nature humaine, et pourtant le regard qu'il pose sur son objet est le regard conscient de la sélection naturelle, c'est-à-dire le regard, décadent, épuisé, de l'homme contemporain. Mais en un sens, cette critique est sans effet, en plus d'être un non-sens. Loin d'être un «monde ouvert» et nu, la nature se présente à nous sous forme de représentations, et si, comme l'écrit Heidegger, «l'homme se publie soi-même et s'établit comme celui qui, de plein propos, impose toutes ces propositions», récuser Lawrence devient impossible. Dans ces conditions, faut-il croire comme Nietzsche que «le monde […] renferme une infinité d'interprétations», qu'«il n'y a aucun état de fait, [que] tout est fluctuant, insaisissable, évanescent: [que] ce qu'il y a de plus durable ce sont encore nos opinions», et rendre toute représentation à un désir impulsif?

Ce présent qui souffre de la représentation face à un monde qui ne cesse de s'éloigner, marque pour Michel Foucault une épistémè nouvelle. Conduisant l'étude archéologique du savoir du XVIIIe siècle classique, il démontre dans Les Mots et les Choses que le monde n'est pas devant nous comme une «chose»; au contraire, il n'est notre objet qu'en tant que monde représenté par les mots qui le nomment. La passion de la «taxinomie» qu'on remarque chez les naturalistes de l'époque, comme Linné et Lamarck, ne vient pas de ce qu'ils la tiennent pour une découverte scientifique, pensant naïvement qu'elle serait un moyen d'atteindre au vrai. L'objectif secret de la taxinomie est plutôt, en classant et nommant les nouvelles espèces, de remplacer la nature par le langage; en établissant de l'une à l'autre un lien réciproque pour créer un ordre, de faire un tableau à même de suppléer la nature. Et une fois dressé ce tableau, même imparfaitement, par la seule hypothèse de son existence, les hommes ne faisaient plus directement face à la nature: il leur suffisait désormais de se tourner vers une nature qui, en tant que tableau, était déjà représentation. Par conséquent, la taxinomie était le savoir scientifique de classicistes cherchant à dépasser l'aporia de la «représentation», quand les hommes, s'appuyant sur un tableau nécessaire autant qu'invisible, pouvaient observer les choses en toute quiétude.

«[Ce] que la pensée classique, elle, fait surgir, c'est le pouvoir du discours. C'est-à-dire du langage



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