OBLOMOV by Inconnu(e)

OBLOMOV by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-09-27T18:53:57+00:00


Oblomov écrivait avec flamme ; sa plume volait au fil des pages. Ses yeux brillaient, ses joues s'empourpraient. La lettre était longue, comme toutes les lettres d'amour : les amoureux sont terriblement bavards.

« C'est étrange ! Je ne m'ennuie plus, ma peine est passée ! pensa-t-il. Je suis presque heureux… Pourquoi donc ? Sans doute parce que j'ai secoué le poids qui accablait mon âme. »

Il relut la lettre, la plia et la cacheta.

— Zakhar ! dit-il. Quand un serviteur viendra de la part de mademoiselle donne-lui cette lettre.

— Bien, Monsieur, dit Zakhar.

En effet Oblomov devint presque gai. Il s'assit, les pieds sur le divan et demanda même s'il n'y avait pas quelque chose à déjeuner. Il mangea deux œufs et alluma un cigare. Son cœur et sa tête étaient remplis : il vivait. Il imaginait Olga recevoir la lettre, s'étonner. Quelle tête ferait-elle quand elle l'aurait lue ? Que se passerait-il ensuite ?

Il jouissait de la perspective de cette journée, de la nouveauté de la situation… Le cœur palpitant, il prêtait l'oreille pour entendre sonner à la porte : le serviteur n'était-il pas déjà venu ? Olga n'était-elle pas déjà en train de lire la lettre ? Non, tout était silencieux dans l'antichambre.

« Qu'est-ce que cela voudrait dire ? pensait-il avec inquiétude, personne n'est venu ? Comment est-ce possible ? »

Cependant une voix secrète chuchotait dans son for intérieur : « Pourquoi t'inquiètes-tu ? Ne voulais-tu pas rompre les relations ? » Mais il faisait taire cette voix.

Une demi-heure plus tard il réussit à faire venir Zakhar de la cour où il était assis en compagnie du cocher.

— Personne n'est venu ? demanda-t-il. On n'est pas passé ?

— Si, répondit Zakhar.

— Et alors ?

— J'ai dit que vous n'étiez pas là, que vous étiez parti en ville.

Oblomov écarquilla les yeux.

— Pourquoi tu ne l'as pas dit ? demanda-t-il. Qu'est-ce que je t'ai ordonné de faire quand un serviteur viendrait ?

— Ce n'était pas un serviteur, mais une femme de chambre, répondit Zakhar avec un sang-froid imperturbable.

— Tu lui as remis ma lettre ?

— Non ; vous avez d'abord ordonné de dire que vous n'étiez pas là et seulement après de donner la lettre. Quand le serviteur viendra, je la lui donnerai.

— Non, mais toi, tu es… tout simplement un assassin ! Où est la lettre ? Donne-la ! dit Oblomov.

Zakhar apporta la lettre, déjà considérablement salie.

— Et puis attention, lave-toi les mains ! dit Oblomov avec colère, montrant la tache.

— Elles sont propres, mes mains ! répondit Zakhar en regardant de côté.

— Anissia ! Anissia ! cria Oblomov.

Le buste d'Anissia apparut dans l'encadrement de la porte.

— Regarde ce qu'il fait, ce Zakhar ! se plaignit-il. Prends cette lettre, remets-1a à un domestique ou à une femme de chambre qui viendra de la part des Ilinski, pour qu'on la transmette à mademoiselle, tu comprends ?

— Je comprends, Monsieur. Donnez-la moi, je la remettrai.

Mais à peine sortit-elle dans l'antichambre que Zakhar lui arracha la lettre.

— Va ! Va ! cria-t-il, occupe-toi de tes affaires, bonne femme !

La femme de chambre revint bientôt.



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