Nucléaire - Danger immédiat by Thierry Gadault & Hugues Demeude

Nucléaire - Danger immédiat by Thierry Gadault & Hugues Demeude

Auteur:Thierry Gadault & Hugues Demeude [Gadault, Thierry & Demeude, Hugues]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782081410992
Éditeur: Commercial
Publié: 2018-01-11T01:00:00+00:00


Troisième partie

Peur sur les villes

Chapitre 10

Quoi, ma cuve ? Qu’est-ce qu’elle a, ma cuve !?

Ça y est, nous y sommes. Aux quarante ans. D’ici à 2028, 48 réacteurs – ceux du palier de 900 MW et une partie des réacteurs de 1 300 MW – vont atteindre cet âge canonique. Depuis le milieu des années 2000, en raison de ses difficultés financières qui l’empêchent d’investir dans de nouveaux moyens de production, EDF demande, réclame, impose même, que l’ensemble de ses centrales nucléaires soient autorisées à fonctionner au-delà des quarante ans, et prolongées de vingt ans.

S’exprimant devant les membres de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les coûts du nucléaire, Dominique Minière, le patron du parc nucléaire d’EDF, avait ainsi déclaré le 20 février 2014 : « En tant qu’industriel, compte tenu de ce que je sais, j’estime que 100 % de nos réacteurs pourront être exploités jusqu’à soixante ans. Je n’ai sur ce point, d’un point de vue technique, aucun état d’âme. »

Dans une conversation privée, en marge d’un séminaire-presse organisé par EDF courant septembre 2017, interrogé sur les propos de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, qui a annoncé la fermeture de 17 réacteurs d’ici à 2025, et sur l’état du parc, Dominique Minière ne tenait pas les mêmes propos. Il indiquait alors connaître la liste des réacteurs à fermer…

Et pour cause ! Quarante ans après la mise en service d’une grande partie du parc nucléaire, les installations ont bien mal vieilli. Entre la maintenance bâclée dans les années 2000 pour faire des économies de bout de chandelle, l’usure des équipements essentiels du circuit primaire (cuve, tuyauterie, pompes, générateurs de vapeur…) et les malfaçons, certains réacteurs sont dans un sale état1. Depuis le début des années 2010, après avoir réalisé la troisième visite décennale des réacteurs concernés2, l’ASN s’est donc mise au travail pour étudier la question de la prolongation au-delà de quarante ans : elle ne cesse de repousser sa décision, attendue maintenant pour 2021.

Pourtant, l’autorité a prévu de commencer la quatrième visite décennale dès 2019 : au Tricastin (4 réacteurs) d’abord, puis au Bugey (4 réacteurs également), ensuite à Fessenheim (2 réacteurs, s’ils ne sont pas arrêtés avant). Vous remarquerez que l’ordre des visites ne correspond pas aux dates de mise en service : Fessenheim a atteint les quarante ans en 2017, Bugey fut la deuxième à être construite et ensuite Tricastin… À croire qu’il y a tellement de problèmes à Tricastin et au Bugey que l’ASN a donné la priorité à leur réexamen ! Reste à comprendre comment elle peut donner le coup d’envoi de la visite décennale sans avoir défini auparavant dans quel cadre celle-ci devait se dérouler.

De toute façon, la réponse qui sera donnée par le gendarme du nucléaire va engager notre avenir. Accepter, même sous condition de quelques travaux supplémentaires pour amener la sûreté des réacteurs construits dans les années 1970 et 1980 au niveau de celle de l’EPR, c’est accroître dangereusement le risque d’un accident nucléaire grave, très grave.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.