Nipponia Nippon (Philippe Picquier, 4 mai) by Abe Kazushige

Nipponia Nippon (Philippe Picquier, 4 mai) by Abe Kazushige

Auteur:Abe, Kazushige
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Philippe Picquier
Publié: 2016-06-19T16:00:00+00:00


Le 15 avril 2001, Tôya Haruo eut dix-huit ans.

Il prit ce jour-là deux décisions importantes.

D’abord, il se résolut à passer le permis de conduire. Après avoir réexaminé son projet, il avait dû se rendre à l’évidence que l’option du vélo pliant présentait des risques et qu’elle ne devait pas être retenue s’il voulait agir en prévision du pire. Il était préférable de ne pas nourrir ce genre de crainte et de se donner les meilleures chances d’accomplir son objectif. Il venait d’atteindre ses dix-huit ans et, de plus, disposait maintenant d’une bonne marge de temps jusqu’à la prochaine période nuptiale. Estimant que, dans ces conditions, l’obtention du permis était quelque chose qui allait de soi, il s’en fit une obligation.

Restait à savoir comment il allait suivre les cours de l’auto-école : les difficultés en seraient considérablement réduites s’il choisissait la formule du stage. Peu de risques dans ce cas d’abandonner la partie à cause de sa réticence à se déplacer. Le programme en était préétabli et le dispensait de réserver des leçons, de sorte qu’il pouvait se concentrer exclusivement sur l’apprentissage de la conduite.

Le choix de l’auto-école ne fut pas difficile. Mieux en valait une qui se trouvât dans sa région plutôt que dans la capitale. Le nom du site, Centre de réservation des stages d’auto-école, s’afficha en tête des résultats de la saisie des mots-clés auto-école stage Yamagata. Haruo sélectionna parmi les suggestions auto-école de Murayama. Elle était située à proximité du lycée où il était jadis inscrit et il connaissait pratiquement par cœur le réseau routier avoisinant. Il apprendrait en se sentant infiniment plus à l’aise que dans Tokyo et ferait bien moins de bévues. Il était précisé que le minimum de jours requis pour l’obtention de la conduite était de quatorze pour les voitures automatiques, de seize pour les manuelles. Même en y incluant le passage du code au Centre des permis de conduire, il allait pouvoir obtenir son permis en une vingtaine de jours s’il ne faisait pas de bêtises.

Dans le cadre du stage, il pouvait disposer d’une chambre individuelle, ce qui devrait lui permettre de mener sa vie habituelle en dehors des leçons. Il serait également judicieux de consacrer ce séjour à la préparation de son plan en réservant ses nuits à l’entraînement physique, après l’apprentissage de la conduite dans la journée. Aucun intrus ne viendrait le déranger du moment qu’il ne retournait pas chez ses parents, et s’il se cachait sous un déguisement, personne probablement ne le reconnaîtrait, où qu’il se rendît. Il ne serait pas alors si sorcier d’entrapercevoir de loin Sakura. Bien plus, il ne devrait pas être impossible de la regarder à satiété – comme au temps où nous étions toujours ensemble. Suivre ce stage lui permettrait de faire d’une pierre deux coups puisqu’il pourrait, tout en acquérant les techniques de la conduite, vérifier si elle était vraiment victime de harcèlement.

Haruo appela tout de suite ses parents, fit virer par sa mère la totalité des frais, qui s’élevaient à deux cent trente mille yens, et s’inscrivit pour un stage commençant juste après le pont du début de mai.



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