Mort en terre étrangère by Donna léon

Mort en terre étrangère by Donna léon

Auteur:Donna léon
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: POINTS
Publié: 2012-06-29T00:00:00+00:00


14

Une fois dans son bureau, Brunetti prit un carnet de notes à spirale et commença à le feuilleter. Depuis des années, il se promettait de recopier ces noms dans un vrai calepin, selon l’ordre alphabétique. Il renouvelait cette promesse, comme en ce moment, à chaque fois qu’il lui fallait retrouver un numéro qu’il n’avait pas appelé depuis des mois ou des années. D’une certaine façon, feuilleter ce carnet était un peu comme déambuler à travers un musée aux tableaux familiers ; chacun évoquait brièvement un souvenir avant qu’il ait le temps de passer au suivant. Il tomba finalement sur ce qu’il cherchait : le numéro personnel de Riccardo Fosco, éditorialiste financier de l’un des grands hebdomadaires du pays.

Quelques années auparavant encore, Fosco était le phare du journalisme d’investigation, l’homme qui découvrait des scandales financiers dans les endroits les plus improbables. Il avait été parmi les premiers à poser des questions sur les finances du Banco Ambrosiano. Son bureau était devenu la plaque tournante d’un réseau d’information sur la véritable nature de l’affairisme à l’italienne ; c’était dans ses éditoriaux qu’on apprenait pour la première fois qu’il y avait quelque chose de douteux dans telle société, telle transaction, telle prise de participation. Mais deux ans auparavant, alors qu’il sortait précisément de son bureau vers 17 heures pour aller prendre un verre avec des amis, on avait ouvert le feu sur lui, à l’arme automatique, depuis une voiture en stationnement. Le tireur avait visé soigneusement les genoux et atteint les deux. Le domicile de Fosco était devenu son bureau, et il ne se déplaçait qu’à l’aide de deux cannes ; l’un de ses genoux était complètement paralysé et l’amplitude de mouvement de l’autre ne dépassait pas 30 degrés. Aucune arrestation n’avait eu lieu à la suite de cet attentat.

« Fosco, répondit-il comme il le faisait toujours.

— Ciao, Riccardo. Guido Brunetti à l’appareil.

— Ciao, Guido ! Ça fait un moment que tu ne m’as pas donné de tes nouvelles. Essaies-tu toujours de trouver où est passé l’argent supposé sauver Venise ? »

Il s’agissait d’une vieille plaisanterie entre eux, une allusion aux millions de dollars – personne ne connaissait exactement le montant de la somme – récoltés par l’Unesco pour « sauver » Venise et qui avaient disparu corps et biens dans les bureaux et les poches sans fond des urbanistes qui s’étaient abattus sur la ville, avec des plans et des programmes tous plus mirobolants les uns que les autres, après l’inondation catastrophique de 1966. Il existait bien une fondation avec un personnel au grand complet, des archives pleines de plans, on donnait même des galas et des bals de soutien ; et cependant, il n’y avait plus d’argent. Les marées continuaient à faire sans entraves ce qu’elles voulaient avec la ville lacustre. Cette affaire, dans laquelle étaient impliquées jusqu’à l’ONU et l’Union européenne, s’était révélée trop compliquée même pour un Fosco : il n’avait jamais rien écrit dessus, de peur d’être accusé de faire de la fiction. Brunetti, pour sa part, partait



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