Moore et la philosophie analytique by René Daval

Moore et la philosophie analytique by René Daval

Auteur:René Daval
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Presses universitaires de France
Publié: 1997-01-02T00:00:00+00:00


Dans « Some Judgments of Perception »136, Moore reprend à nouveaux frais l’analyse du jugement de perception. Que faisons-nous lorsque nous prononçons un jugement comme : « ceci est un encrier », « cela est une nappe », « ceci est une porte » ?137. Ces jugements sont fréquents, et ils nous apparaissent être certains. Ces jugements sont des parties de jugements plus complexes : comme l’écrit Moore : « Je m’explique : lorsque nous prononçons des jugements comme “hé ! l’horloge s’est arrêtée !”, ou “ce fauteuil est plus confortable que celui-là”, ou “cet homme a l’air d’un étranger”, les jugements plus simples qui m’intéressent sont, pour autant que je sache, une partie effective de ce que nous jugeons. »138 Dire « l’ horloge s’est arrêtée » présuppose qu’« il y a là une horloge », et lorsque je fais un jugement du type : « cet arbre-là est plus grand que celui-ci », il contient effectivement les deux jugements plus simples : « ceci est un arbre » et « cela est un arbre ». La vérité de ces jugements enveloppe l’existence de choses matérielles ou d’objets physiques. Si j’ai raison de juger que ceci est un encrier, c’est qu’il y a au moins une chose matérielle dans l’univers. Les philosophes ont cependant mis en doute cette affirmation, et G.E. Moore retrouve sur son chemin les idéalistes avec lesquels il n’a cessé de dialoguer depuis ses premiers textes, et singulièrement Berkeley aux thèses de qui il avait consacré tant d’attention dans « The Refutation of Idealism » Berkeley soutient en effet que l’on peut affirmer sans incohérence qu’il y a dans l’univers des encriers, des arbres ou des étoiles, mais que la matière n’existe pas. C’est qu’il donne une définition de la matière qui lui permet d’affirmer qu’il y a des choses physiques tout en niant la réalité de la matière. Contre cette position G.E. Moore tient qu’il est justifié d’utiliser les termes de « chose matérielle » ou « d’objet physique » en un sens tel que de la proposition qu’il y a dans l’univers des choses comme les encriers, les doigts ou les nuages, il suit qu’il y a au moins autant de choses matérielles, un sens tel que nous ne pouvons soutenir l’existence d’encriers, de doigts ou de nuages, tout en niant en même temps celle des choses matérielles139.

Mais si nous comprenons le sens des jugements de perception, il ne s’ensuit pas pour autant que nous puissions le définir ou l’analyser140. Les philosophes qui ont apporté la réponse la plus satisfaisante à cette question de la définition des choses matérielles, au moins en première analyse, sont Mill et Russell. Pour le premier, la matière serait une possibilité permanente de sensation, tandis que pour le second, un objet physique est l’ensemble de toutes les expériences sensibles effectivement vécues ou seulement possibles qui peuvent intervenir dans la perception de cet objet. G.E. Moore prend néanmoins ses distances, aussi bien par rapport à Russell que vis-à-vis de Mill



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.