[Montalbano 04] la voix du violon by Andrea Camilleri

[Montalbano 04] la voix du violon by Andrea Camilleri

Auteur:Andrea Camilleri [Camilleri, Andrea]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782266115681
Publié: 1997-01-06T16:48:17+00:00


Il n’avait aucune envie de manger. Il se déshabilla, se mit sous la douche, y resta longtemps. Il passa un slip et un tricot de corps propres. Maintenant venait la partie difficile.

— Livia.

— Ah, Salvo, ça fait un bail que j’attends ton coup de fil ! Comment va François ?

— Il va très bien. Il est devenu grand.

— Tu as vu quels progrès il a faits ? Chaque semaine, quand il me téléphone, il parle mieux l’italien. Il est devenu fort pour se faire comprendre, hein ?

— Trop, même.

Livia n’y prêta pas attention, une autre question lui brûlait les lèvres.

— Qu’est-ce qu’elle voulait, Franca ?

— Elle voulait me parler de François.

— Il est trop vif ? Il désobéit ?

— Livia, la question n’est pas là. Nous avons peut-être commis une erreur de le laisser si longtemps avec Franca et son mari. Le gosse s’est attaché à eux, il m’a dit qu’il ne veut plus les laisser.

— C’est lui qui te l’a dit ?

— Oui, spontanément.

— Spontanément ! Mais qu’est-ce que tu es con, parfois !

— Pourquoi ?

— Mais parce qu’ils lui ont dit de te dire ça ! Ils veulent se le prendre ! Ils ont besoin d’une main-d’œuvre gratuite pour leur ferme, ces deux salopards !

— Livia, tu déparles.

— Non, c’est comme je te dis, moi ! Ils veulent se le garder ! Et toi, tu es bien content de le leur laisser !

— Livia, essaie de raisonner.

— Je raisonne, mon cher, je raisonne très bien ! Et je vais vous le montrer, à toi et à ces deux voleurs d’enfant !

Elle raccrocha. Sans rien se mettre de plus, le commissaire alla s’asseoir sur la véranda, s’alluma une cigarette et enfin, depuis des heures qu’il la contenait, il laissa libre cours à sa mélancolie. Désormais, François était perdu, même si Franca leur avait laissé, à Livia et à lui, la décision. La vérité, nue et crue, était ce que lui avait dit la sœur de Mimì : les enfants ne sont pas des paquets qu’on peut déposer tantôt ici et tantôt là. On ne peut pas ne pas tenir compte de leurs sentiments. Maître Rapisarda, qui suivait pour lui la procédure d’adoption, lui avait dit qu’il faudrait encore au moins six mois. Et François aurait tout le temps de pousser des racines dures comme fer chez les Gagliardo. Livia délirait si elle croyait que Franca aurait pu mettre les paroles à dire dans la bouche de l’enfant. Montalbano avait bien vu le regard de François quand il avait couru au-devant de lui pour l’embrasser. Maintenant, il se les rappelait bien, ces yeux : il y avait en eux des peurs et une haine enfantines. Par ailleurs, il comprenait les sentiments du minot : il avait déjà perdu sa mère et craignait de perdre sa nouvelle famille. Si on allait bien au fond, Livia et lui n’avaient été que très peu de temps avec le petit, leurs silhouettes avaient pâli en peu de temps. Montalbano sentit que jamais, au grand jamais, il n’aurait le courage d’infliger un autre traumatisme à François.



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