Mon histoire by Rosa Parks

Mon histoire by Rosa Parks

Auteur:Rosa Parks
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782377290697
Éditeur: www.editionslibertalia.com
Publié: 2020-03-20T16:00:00+00:00


Chapitre 8

En état d’arrestation

Je pense que la ségrégation dans les transports publics mettait les Noirs de Montgomery particulièrement en colère ; et cela depuis qu’elle était appliquée. Les lois sur la ségrégation des transports dataient de 1900, et les Noirs de Montgomery avaient alors boycotté les trams jusqu’à ce que le conseil municipal passe un arrêté déclarant que personne n’avait à laisser sa place s’il y avait une autre place de libre. Les années passant, les pratiques avaient évolué mais la loi restait la même. Lorsque le chauffeur m’avait forcée à descendre du bus en 1943, il avait en fait agi en toute illégalité, puisqu’il y avait des sièges libres. En 1945, deux ans plus tard, l’État de l’Alabama avait fait passer une loi obligeant toutes les compagnies de bus sous sa juridiction à appliquer drastiquement la ségrégation. Mais cette loi ne précisait pas ce que les chauffeurs devaient faire dans un cas comme le mien.

Voilà où nous en étions alors, un demi-siècle après les premières lois de ségrégation, avec cinquante mille Africains-Américains vivant à Montgomery. Il y avait bien plus de Noirs qui prenaient le bus que de Blancs, parce que ces derniers avaient les moyens d’avoir une voiture. C’était très humiliant de subir la violence de la ségrégation dans les bus deux fois par jour, cinq fois par semaine, pour aller en ville… travailler pour les Blancs.

Dans les transports en commun, les problèmes étaient incessants. Selon Mme Durr, j’en avais toujours un à raconter. M. Nixon avait tenté de négocier certains changements dans la politique ségrégationniste des transports, notamment pour que les Noirs n’aient plus à descendre du bus pour remonter à l’arrière après avoir acheté leur ticket à l’avant. On lui avait alors répondu : « Ce sont les Noirs eux-mêmes qui ont commencé à faire ça. Ils le font parce que c’est ce qu’ils veulent. » Une autre fois, il était allé demander à la compagnie de bus39 d’étendre une des lignes jusqu’à Day Street. Les Noirs qui vivaient dans un quartier de l’autre côté du Day Street Bridge devaient marcher plus d’un kilomètre pour se rendre à l’arrêt de bus le plus proche. M. Nixon s’en était plaint auprès de la compagnie. On lui avait répondu que tant que les gens étaient prêts à marcher un kilomètre, puis à payer leur ticket pour le reste du trajet, il n’y avait aucune raison d’étendre la ligne. M. Nixon se rendait régulièrement au siège de la compagnie, seul ou accompagné, pour protester. Il ne prenait pourtant pas le bus lui-même – il avait une voiture, il agissait au nom de toute la communauté noire.

Jo Ann Robinson40 était une professeure d’anglais de l’Alabama State College41. Elle était une des ­fondatrices du Women’s Political Council42. Elle avait elle aussi eu des soucis avec des chauffeurs de bus, mais elle n’arriva pas tout de suite à mobiliser les autres femmes du Council sur la question. Elle venait de Cleveland, Ohio, alors que la plupart de ses camarades étaient natives de Montgomery.



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