Mon ange by Mon ange

Mon ange by Mon ange

Auteur:Mon ange [ange, Mon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Litt. cubaine
Publié: 2011-12-25T10:17:23+00:00


Dans ma chambre, je me jette encore une fois sur mon grabat et me rendors. Cette fois, j’ai rêvé que la révolution avait pris fin et que je revenais à Cuba avec un groupe de vieillards octogénaires. Un vieil homme à longue barbe blanche, muni d’une houlette, nous guidait. Nous nous arrêtions tous les trois pas et le vieux désignait de sa houlette un tas de décombres.

— Ici, c’était le cabaret Sans-Souci, disait le vieux.

Nous avancions un peu plus. Il poursuivait :

— Ici, c’était le Capitole national.

Il désignait un terrain d’herbes folles jonché de fauteuils brisés.

— Ici, c’était l’hôtel Hilton.

Le vieux désignait un amas de briques rouges.

— Ici, c’était le Paseo del Prado.

On voyait maintenant une statue de lion à demi enfouie dans la terre.

Nous avons sillonné ainsi La Havane. La végétation recouvrait tout, comme dans la ville ensorcelée de la Belle au bois dormant. Tout était enrobé dans l’atmosphère de silence et de mystère qu’avait dû trouver Colomb en débarquant pour la première fois sur le sol cubain.

Je me suis réveillé.

Il devait être 1 heure du matin. Je m’assieds au bord du lit ; je ressens un grand vide dans la poitrine. Je regarde par la fenêtre. Au coin de la rue, il y a trois homosexuels habillés en femme, qui attendent des hommes solitaires. Des voitures, conduites par ces hommes sans femmes, font lentement le tour du pâté de maisons. Je me lève, abattu. Je ne sais que faire. Le fou qui travaille à la pizzeria dort sous une grosse couverture, malgré la chaleur insupportable. Il ronfle. J’ai envie de lui sauter dessus et de le battre. Cependant, je décide de me rendre au salon et de m’asseoir dans le vieux fauteuil défoncé. Je sors. En passant devant la chambre d’Arsenio, j’entends la voix de Hilda, la vieille décatie, qui proteste parce que Arsenio lui farfouille le derrière.

— Du calme ! dit Arsenio.

Je les entends se débattre. J’arrive au fauteuil et je m’affale lourdement. Louie, l’Américain, est assis dans un coin sombre du salon.

— Let me alone ! dit-il au mur, d’une voix déformée par la haine. I’m going to destroy you ! Let me alone !

De la chambre d’Arsenio me parvient de nouveau la voix désespérée de la vieille Hilda. Elle supplie :

— Pas par là. Pas par là.

Tato, l’ex-boxeur, surgit dans l’ombre ; il ne porte sur lui qu’un petit slip. Il s’assoit devant moi et me demande une cigarette. Je la lui donne. Il l’allume avec un briquet bon marché.

— Écoute cette histoire, Willy, me dit-il en lâchant une volute de fumée. Écoute cette histoire, elle va te plaire. Là-bas à La Havane, au temps de Jack Dempsey, il y avait un homme qui voulait être le justicier du genre humain. On l’appelait “Le solitaire du firmament étoilé”, “Le roi des bas-fonds”, “L’homme terrible”.

Il se tait quelques secondes et révèle :

— Cet homme, c’était moi.

Il lâche un ricanement incohérent et répète :

— Est-ce qu’elle te plaît, mon histoire, Willy ?

— Oui.

— C’est l’histoire de la vengeance totale.



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