Miroirs et Fumée by Gaiman Neil

Miroirs et Fumée by Gaiman Neil

Auteur:Gaiman,Neil [Neil, Gaiman]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J'ai lu


UNE FIN DU MONDE DE PLUS

C’était une sale journée : je me suis réveillé nu dans le lit, avec une crampe à l’estomac, me sentant plus ou moins mal foutu. Une certaine qualité de la lumière, tendue et métallique, couleur de migraine, m’a appris que c’était l’après-midi.

La pièce était glacée – littéralement : il y avait une mince couche de givre sur la face intérieure des vitres. Les draps sur le lit autour de moi étaient déchirés et lacérés, et il y avait du poil d’animal sur le lit. Ça me grattait.

J’ai envisagé de rester au lit toute la semaine à venir – je suis toujours épuisé après une transformation –, mais une vague de nausée m’a contraint à me dépêtrer des draps et des couvertures et à trébucher, en toute hâte, jusqu’à la minuscule salle d’eau de l’appartement.

Les crampes m’ont repris alors que je parvenais à la porte de la salle d’eau. Je me suis retenu au chambranle de la porte et j’ai commencé à transpirer. C’était peut-être la fièvre ; j’espérais que je n’avais pas attrapé la crève.

Les crampes au ventre étaient douloureuses. Tout dansait sous mon crâne. Je me suis effondré par terre et, avant de réussir à lever la tête assez haut pour atteindre la cuvette des toilettes, je me suis mis à rendre.

J’ai vomi un liquide jaune, fluide et puant ; à l’intérieur duquel baignait une patte de chien – j’ai supposé qu’il s’agissait d’un doberman, mais je n’ai jamais été très calé en matière de chiens ; une peau de tomate ; quelques carottes débitées en petits cubes, avec du maïs doux ; des morceaux de viande à demi mastiquée ; et des doigts. C’étaient des doigts plutôt menus et pâles, de toute évidence ceux d’un enfant.

« Merde. »

Les crampes se sont estompées, la nausée a reculé. Je suis resté couché par terre avec une bave pestilentielle qui me coulait par la bouche et par le nez, avec les larmes que l’on verse quand on est malade, en train de sécher sur mes joues.

Quand je me suis senti un peu mieux, j’ai ramassé la patte et les doigts dans leur mare de vomi, je les ai jetés dans la cuvette des toilettes, et j’ai tiré la chasse.

J’ai ouvert le robinet, je me suis rincé la bouche avec l’eau saumâtre d’Innsmouth, et je l’ai recrachée dans le lavabo. J’ai épongé de mon mieux le reste des vomissures, avec le gant de toilette et du papier water. Puis j’ai fait couler la douche et je suis resté planté dans la baignoire comme un zombie tandis que l’eau chaude s’abattait sur moi.

Je me suis savonné partout, le corps, les cheveux et les poils. La maigre mousse a viré au gris ; je devais être couvert de crasse. Mes cheveux étaient collés par quelque chose qui me donnait l’impression d’être du sang séché, et je les ai frictionnés avec le pain de savon jusqu’à ce que ça ait disparu. Ensuite, je suis resté planté là jusqu’à ce que l’eau devienne glacée.



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