Mille soleils splendides by Hosseini Khaled

Mille soleils splendides by Hosseini Khaled

Auteur:Hosseini Khaled [Khaled, Hosseini]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-05-29T02:38:51+00:00


Lorsqu'elle eut enfin puisé assez de cran en elle, Mariam alla le trouver dans sa chambre.

– Et pourquoi pas ? rétorqua Rachid, étendu de tout son long sur le lit, en allumant une cigarette.

Elle comprit aussitôt que sa défaite était sans appel. Elle avait mi-escompté, mi-espéré pourtant qu'il nierait tout en bloc, qu'il feindrait la surprise, voire l'indignation, devant ses insinuations. Elle aurait eu le dessus alors, et serait peut-être même arrivée à lui faire honte. Mais elle perdit toute contenance devant cet aveu tranquille, fait sans le moindre état d'âme.

– Assieds-toi, lui ordonna-t-il. Assieds-toi, sinon tu vas t'évanouir et t'ouvrir le crâne. Et passe-moi le cendrier, là-bas.

Mariam obéit docilement.

Rachid devait avoir au moins soixante ans à présent – encore que, pour tout dire, il ne connût, pas plus qu'elle, son âge exact. Ses cheveux, restés aussi drus qu'autrefois, étaient devenus tout blancs. Ses paupières s'affaissaient, de même que la peau plissée et tannée de son cou. Ses joues pendaient davantage aussi et il courbait un peu le dos le matin. Mais il avait toujours ces épaules carrées, ce torse imposant, ces mains fortes, et cette panse énorme qui le précédait partout où il allait.

Dans l'ensemble, estimait Mariam, il avait considérablement mieux vieilli qu'elle.

– Il faut qu'on clarifie la situation, dit-il en posant le cendrier sur son ventre, les lèvres retroussées en un rictus amusé. Les gens vont finir par jaser. Ce n'est pas correct pour une jeune femme célibataire de vivre ici. Ça nuit à ma réputation. À la sienne. Et à la tienne aussi, pourrais-je ajouter.

– En dix-huit ans, je ne t'ai jamais rien demandé, plaida Mariam. Absolument rien. Mais maintenant, si.

Rachid inhala la fumée de sa cigarette avant de la rejeter lentement.

– Elle ne peut pas rester ici, si c'est ce que tu suggères. Je ne vais pas continuer indéfiniment à la nourrir, à l'habiller et à lui offrir un abri. Je ne suis pas la Croix-Rouge, Mariam.

– Mais… ça ?

– Quoi, ça ? Quoi ? Tu la trouves trop jeune ? Elle a quatorze ans, ce n'est plus une enfant. Toi, tu en avais quinze, rappelle-toi. Ma mère en avait treize quand elle s'est mariée, et quatorze quand elle m'a eu.

– Je… Je ne veux pas, répliqua Mariam, ivre de mépris et d'impuissance.

– La décision ne t'appartient pas. Elle ne regarde qu'elle et moi.

– Je suis trop vieille.

– Elle est trop jeune, tu es trop vieille… C'est n'importe quoi.

– Je suis trop vieille pour que tu me fasses une chose pareille, insista Mariam en serrant si fort le tissu de sa robe entre ses poings qu'elle en trembla. Je suis trop vieille pour accepter de devenir une ambagh après toutes ces années.

– Tout de suite les grands mots ! Ça n'a rien de choquant et tu le sais très bien. J'ai des amis qui ont deux, trois, voire quatre femmes pour certains. Ton père en avait trois, d'ailleurs. Et puis, je ne fais que ce que la plupart des hommes de ma connaissance auraient fait depuis longtemps.



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