Meurtres sur les docks by Perry Anne Perry Anne

Auteur:Perry Anne, Perry Anne
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782264054845
Éditeur: 10/18

À trois heures, tout semblait tranquille. Hester décida de rendre visite à Ruth Clark.

Elle entra, referma la porte derrière elle parce qu’elle craignait une dispute et ne voulait pas que les autres l’entendent, surtout Mercy.

Ruth était allongée, la tête trop basse sur les oreillers. Quelqu’un avait sans doute essayé de l’installer plus confortablement, sans savoir qu’il valait mieux avoir la tête surélevée quand on souffrait d’une congestion pulmonaire. Hester s’approcha du lit d’un pas décidé. Elle aurait préféré la laisser reposer, mais Ruth risquait de s’étouffer en dormant.

— Ruth !

Pas de réponse. Elle était si affaiblie qu’on n’entendait pas sa respiration.

— Ruth ! répéta Hester en la touchant à travers les draps. Il faut vous asseoir un peu, sinon vous irez encore plus mal.

Toujours pas de réponse.

Elle lui tâta le pouls. Rien, et sa peau était froide. Elle appuya sur la jugulaire. Ruth semblait se porter mieux… elle allait suffisamment bien pour s’être disputée avec Mercy, et aussi avec Flo.

Mais il n’y avait pas de pouls, même sur la veine jugulaire, et quand Hester approcha la bougie, aucun souffle ne sortait de son nez ni de sa bouche. Ruth Clark était morte. Mais pourquoi si soudainement, sans signes précurseurs de dégradation ?

Hester croisa les mains de la morte. C’est alors qu’elle sentit les ongles abîmés. Elle approcha la bougie pour les examiner de plus près. Des éraflures récentes apparaissaient. Elle posa la bougie sur la table de chevet et examina l’autre main. Ruth avait les ongles intacts d’une femme qui prend soin de ses mains.

L’inquiétude s’empara d’Hester. Elle regarda de nouveau le visage de Ruth. Il y avait un filet de sang sur la lèvre inférieure, à peine visible, et une trace de mucus sur les narines. Avec la fièvre et la congestion pulmonaire, ce n’était pas surprenant. S’était-elle étouffée ?

Hester lui écarta les lèvres ; l’aspect de la chair pouvait laisser penser qu’on avait appuyé avec force quelque chose sur ses dents. Hester sentit son cœur se serrer, la peur la saisir. Elle arracha l’oreiller de sous la tête de Ruth. Il était propre. Elle le retourna et vit du sang et du mucus.

Elle se força à ouvrir les paupières de Ruth l’une après l’autre. Les traces d’une petite hémorragie étaient clairement visibles. Hester en fut bouleversée. On avait étouffé Ruth Clark avec l’oreiller !

Qui ? Pourquoi ? Il y avait eu des disputes, certes, mais stupides et sans gravité. Pourquoi la tuer ?

Hester recula lentement et s’adossa à la porte, chancelante. Que faire ? Appeler la police ?

On soupçonnerait Flo parce que Ruth l’avait accusée de vol. Mais Mercy Louvain s’était aussi chamaillée avec Ruth, de même que Claudine Burroughs. Cela ne prouvait rien, sinon que Ruth avait un sale caractère et qu’elle ne témoignait aucune gratitude envers ceux qui la soignaient.

La police fermerait-elle la clinique ? Que deviendraient alors les patientes ? C’était exactement le prétexte que les autorités attendaient pour mettre un terme à l’œuvre de charité. Cependant, même si Hester parvenait à persuader la police

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