Meurtres à Atlanta by James Baldwin

Meurtres à Atlanta by James Baldwin

Auteur:James Baldwin [Baldwin, James]
La langue: fra
Format: epub
Tags: A_Poster, Littérature Américaine
ISBN: 9782234087934
Google: v3rQDwAAQBAJ
Éditeur: Stock
Publié: 2020-02-18T23:00:00+00:00


Le seul « ensemble de faits concordants » que j’ai pu discerner dans les divers meurtres est le suivant : les enfants étaient presque tous des jeunes Noirs de sexe masculin vivant dans le purgatoire, ou l’éternité, de la pauvreté. Impossible d’être pauvre et noir dans un pays aussi riche et blanc sans porter sur soi-même un jugement sans appel. On n’a rien à perdre. Pourquoi refuser une invitation à faire un tour en voiture ? Au fond de la misère, le pire existe-t-il ? Et un enfant pauvre est aussi un enfant solitaire.

Il paraît que depuis que Wayne Williams a été arrêté, il n’y a pas eu d’autres affaires présentant ce fameux « ensemble de faits concordants » qui a permis d’établir l’existence d’une « série » de crimes et de les attribuer à un seul homme. Mais personne n’a affirmé qu’Atlanta n’a pas connu d’autres assassinats depuis le dernier de cette prétendue série. Dans ces conditions, j’ai été de plus en plus troublé par ce concept énigmatique de « série ». Au début, la police était sur la piste d’un suspect de type « vétéran du Vietnam », mais quand le FBI est entré en scène, les « pistes », selon Slaten, menaient toutes à Wayne Williams.

Curieuse série cohérente ! Comme causes ayant entraîné la mort, on trouve une variété extrême de moyens : blessures par balles, étranglement, traumatismes crâniens, blessures à l’arme blanche, asphyxie ou « causes indéterminées ». Oui, étrange série, surtout lorsqu’on affirme qu’elle est l’œuvre d’un seul homme.

C’est ainsi que la mort d’un des garçons a été décrite officiellement comme causée par l’asphyxie. Son corps avait été trouvé dans les buissons près de la voie ferrée. On a suggéré que l’enfant était tombé du viaduc en marchant sur le rebord. J’ai emprunté ce viaduc. Il ne m’a pas semblé qu’une chute de cette hauteur devait nécessairement être mortelle. En outre, le parapet métallique était assez large pour qu’un gamin puisse s’y promener sans perdre l’équilibre. Cette barrière m’arrivait juste en dessous de l’épaule. L’enfant était plus petit que moi et aurait dû faire un effort pour se hisser sur ce parapet. Sa famille a déclaré que l’enfant souffrait de vertiges et n’aurait jamais songé à s’amuser de la sorte. Quelqu’un aurait dû le soulever et le jeter par-dessus le parapet. Si l’on suppose qu’il était encore vivant lorsqu’il a atterri dans les buissons, on peut également admettre l’hypothèse de l’asphyxie. Et pourtant, cela me semble une façon douteuse de décrire la cause du décès.

D’un autre côté, le discours officiel ne peut être qu’une langue de bois : il n’a pas tant pour fonction de faire éclater la vérité au grand jour que de distraire et, si possible, de consoler le public. Il répond également à la nécessité pour le pouvoir de protéger le contrat social et l’ordre public. Toutefois, dans l’affaire qui nous occupe, les affirmations répétées des autorités, selon lesquelles il n’y eut plus, après l’arrestation de Wayne Williams, de meurtres présentant les



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