Meurtre au comité central by Manuel Vázquez Montalbán

Meurtre au comité central by Manuel Vázquez Montalbán

Auteur:Manuel Vázquez Montalbán [Montalbán, Manuel Vázquez]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1981-01-14T16:00:00+00:00


Carvalho indiqua l’orifice du plafond. La main de Dillinger s’écarta de sa poitrine. Il quitta la pièce, laissant derrière lui les acteurs souffler derrière le rideau tombé. « Ça, ça n’est pas jouer mais être joué », se répétait-il tout en gagnant les portes, couloirs, pièces, vers la sortie du bâtiment et, une fois dans la rue, il hésita entre deux tactiques : effacer ses propres traces ou les rendre ostensibles. Parler avec Santos, mais aussi parler avec d’autres, mettre un adjectif historique au meurtre. Encore un chauffeur de taxi déçu par la police, le maire, la ville, le taxi, la vie. Profesor Waksman ? Vous saviez qui c’était ? Un chercheur d’or ? Qu’est-ce que vous dites ! Celui qui a inventé la streptomycine, ce machin qui est venu après la pénicilline. Et après, qu’est-ce qu’il y a ? Des médicaments, beaucoup de médicaments, mais en réalité, rien. Le portier arbore aujourd’hui une tenue rigoureusement ajustée. Il ne se gratte pas les couilles sous la livrée, il accompagne Carvalho vers l’ascenseur avec la soumission d’un assistant de faculté dans les années cinquante. Il arrive à l’appartement de James Wonderful, alias Jaime Siurell, il laisse la porte derrière lui, monte quelques marches en direction de l’étage supérieur, puis il attend. Le portier a dû l’informer par l’interphone, ils doivent guetter, quatre, cinq minutes, ils vont s’énerver, la porte va s’ouvrir. La porte s’ouvre, l’homme d’Europe centrale, celui de la nuit avec Gladys, montre son nez, il s’assure qu’il n’y a personne et dit de la porte :

— Il n’est pas là.

— Tu as bien regardé ?

C’est la voix de Wonderful. Le blond ressort d’un air indolent, mais il ne retire pas sa main de la poche de la veste. Il s’aventure jusqu’à l’escalier donnant accès au palier, puis il se dirige vers l’étage supérieur où l’attendent les semelles de Carvalho qui lui tombent sur les yeux, réduisant son univers en poussière d’étoiles tandis que l’odeur du sang, le sien, lui brûle le nez. Carvalho le frappe près de l’oreille et sur le cou. Il le laisse s’écrouler lentement, comme si le corps avait peur de rencontrer le parquet et cherchait une chute confortable. Le détective l’enjambe. D’une main il s’empare de l’encadrement de la porte ouverte, de l’autre il brandit un pistolet qui le précède dans l’appartement. La porte de communication entre l’entrée et le living est ouverte et, au fond, il voit Wonderful debout, attentif, clignant des yeux pour préciser l’image qui s’avance vers lui.

— Shuster ? Que se passe-t-il ?

Devant Wonderful, en guise de parapet, le fauteuil roulant sur lequel le vieillard laisse tomber ses mains, victime du découragement qu’implique la présence de Carvalho.

— Qu’est-ce que tu cherches ici ? Tu es idiot, complètement idiot, tu n’as rien appris.

Il parle avec plus d’aisance que lors de la précédente rencontre, on dirait même que ses yeux ont retrouvé leurs orbites, mais des larmes d’yeux invalides coulent de ses paupières meurtries. Il ôte les mains du fauteuil, laisse tomber les



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