Métamorphoses catholiques by Céline Béraud & Philippe Portier

Métamorphoses catholiques by Céline Béraud & Philippe Portier

Auteur:Céline Béraud & Philippe Portier [Béraud Céline]
La langue: fra
Format: epub
Tags: catholicisme, mariage pour tous, mobilisations sociales
ISBN: 9782735120161
Éditeur: Éditions de la Maison des sciences de l’homme
Publié: 2019-11-08T10:57:41+00:00


Cette voix n’étouffe pas d’autres positions, qui reconduisent à leur façon les élaborations, particulièrement influentes dans les années 2000, de Tony Anatrella ou de Jacques Arènes. On peut penser, par exemple, à celles de Christian Flavigny ou Sophie Marinopoulos, dans Le Monde également, le 8 novembre 2012, agitant, comme le faisait quelques semaines plus tôt le cardinal Philippe Barbarin, le risque d’une déconstruction de l’interdit de l’inceste : « Mais il y a plus grave. […] En plaquant la figure de la compagne de vie homosexuelle sur celle du père, ce qui serait lui attribuer place dans un mariage, les lois ne conforteraient plus l’édification des interdits incestueux, pivots régulateurs de la vie des familles ; plus grave, elles se montreraient complices de leur transgression. Bref, les pouvoirs publics dans le projet de loi jouent aux apprentis sorciers avec l’interdit de l’inceste. Mais s’en rendent-ils seulement compte ?161 » On peut, de la même manière, se référer à Marie Balmary, dont les chroniques données à l’hebdomadaire chrétien La Vie appellent à se défier, parce qu’ils conduisent à ne plus comprendre ce qu’est le réel, des détournements présents du langage : « Dans toutes les langues de la terre, le mot “mère” signifie femme qui a donné naissance à un ou plusieurs enfants162 ».

Ce discours psychanalytique, nourri de la pensée de Jacques Lacan et de Pierre Legendre, repose sur une distinction « anthropologique »163 entre l’individu et le sujet. L’individu, dont la figure est au fondement du projet gouvernemental, se pense comme être souverain, indépendant de tout ordre social ou moral. Il se laisse guider par la seule dynamique de son désir, sans se soumettre au règne du Père. Cette construction strictement horizontale a son effet politique : oublieuse des lois fondatrices de l’ordre symbolique, elle aboutit à plonger la société dans l’entropie. Le sujet, tout au contraire, s’inscrit dans un ordre de contrainte. Comme on vient de le lire dans l’article de Marie Balmary, il se construit sur un langage où s’objective le réel lui-même. Rien là de l’affirmation infinie de soi : la conscience se trouve précédée par un ordre de significations qui l’englobe, une Loi qui se donne tout à la fois comme archè et télos de l’existence humaine. Cette « castration symbolique » n’est pas simplement une nécessité du développement personnel. Elle répond à une nécessité sociale : la « civilisation » ne peut s’établir que dans la restriction des dynamiques pulsionnelles et l’Assomption de la Loi, elle-même liée à la suréminence de la figure du Père. Ce discours est porté certes par un lexique séculier. Il est cependant en harmonie avec la conception catholique du droit divin naturel. Dans les deux cas, c’est à un lieu surplombant qu’est renvoyée la fondation de la norme. Jean-Marie Donegani le relève ainsi : « Ici, on invoque le Nom-du-Père ou la Loi du signifiant et non Dieu ou la Loi naturelle, mais l’effet recherché est le même qui consiste à prononcer des jugements sans appel sur l’évolution des mœurs



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