Mes amis by Hubert Krains

Mes amis by Hubert Krains

Auteur:Hubert Krains [Krains, Hubert]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


LE ROUGE GORGE

LE matin, après avoir pousse le volet Colpin s’est tourné vers Christine qui s etirait dans le lit :

— Il neige…

Il neigeait, en effet. Il tombait une de ces neiges comme on n’en voit pas tous les hivers, une neige molle, touffue, brillante, qui couvrait la terre et cachait le ciel. On ne voyait plus les maisons, ni les arbres, ni les haies, ni les routes. On ne voyait plus rien. Lente, tenace, implacable, la neige tombait. Colpin but son café près du feu, mangea sa croûte, puis il alla chercher une brassée de bois sec dans la cave, porta la nourriture au porc, éparpilla des grains dans le poulailler et tira de l’eau au puits. Après cela, n’ayant plus rien à faire, il s’assit devant la fenêtre, alluma sa pipe et, tandis que ses enfants jouaient au loto, regarda tomber la neige.

Vers midi, les flocons se firent plus rares, le rideau gris qui voilait le ciel se déchira, le soleil apparut et une immense nappe de lumière coula, comme un vernis, sur la neige éclatante. De-ci de-là, des portes s’ouvrirent

des hommes descendirent dans leurs cours, les uns avec un balai, les autres avec une pelle, pour frayer des chemins, Puis les uns allèrent bavarder chez le cordonnier, les autres allèrent s’amuser chez le charron ou se chauffer chez le maréchal. Il y en eut aussi qui passèrent l’après-midi dans leur colombier ou dans les écuries, près des chevaux, le dos appuyé contre la huche d’avoine. Mais la plupart, ayant noué le bas de leur pantalon avec une corde ou un lien de paille, bravèrent la neige pour aller mettre des pièges dans les jardins et les prés. Le l9ng des broussailles. Colpin et Benoît partirent avec une poignée de baguettes enduites de glu, une fourchée de fumier et des grains de froment dans leurs poches. Les moineaux, qui n’avaient pu quitter leurs gîtes pendant la matinée, voletaient maintenant, en criant de faim, tandis que des corneilles, affamées également, venaient tournoyer autour des toits,

Quand les oiseleurs revinrent, tout le monde sut ce qu’ils avaient pris.. Ils le criaient avec fierté, avant de rentrer chez eux. C’était un pinson, une alouette, un verdier, un merle. Furet, qui n’avait capturé qu’un moineau, rageait. Par contre, Colpin et Benoît étaient radieux. Pensez! Ils avaient attrapé un rouge-gorge! Colpin se fit un cornet de ses deux grandes mains et, pour que la nouvelle se répandît le plus loin possible, il beugla

“ Nous avons un rouge-gorge!”

— Christine, un rouge-gorge!Ils le tendirent vers la femme, ils le montrèrent aux enfants; ils se le passaient l’un à l’autre, le caressaient, l’admiraient, penchant la tète sur son bec en alène, grêle et noir, sur son ventre bleu, sur ses pieds rougeâtres, sur ses yeux couleur de noisette, sur sa poitrine éclatante. Ha! ha! un rouge-gorge!Colpin alla chercher une vieille cage au grenier et l’oiseau fut pendu à la muraille.Alors les deux hommes s’assirent par terre pour l’admirer encore.— Qu’il est beau !… Regarde sa poitrine !… Regarde son



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