Mélisende de Jérusalem by Jean-Louis Fetjaine

Mélisende de Jérusalem by Jean-Louis Fetjaine

Auteur:Jean-Louis Fetjaine [Jean-Louis Fetjaine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: 12-21
Publié: 2020-01-15T14:06:08+00:00


Deux jours avaient passé. Jeberron avait mené son escouade dans les collines, à l’abri d’un hameau déserté par ses habitants. Il n’avait pas dû chercher longtemps. Toute la région était dépeuplée depuis l’arrivée des Turcs, et tous ceux qui avaient pu fuir à temps s’étaient réfugiés au-delà du Jourdain, avec leurs troupeaux et tout ce qu’ils pouvaient porter. L’attente avait été longue, dans la touffeur des premiers jours de mai, à se cacher tout le jour durant dans des huttes de pisé pour ne sortir que la nuit, par petits groupes, à la recherche d’eau et de gibier à tirer.

Au matin, l’hospitalier avait parlé aux hommes, alors qu’ils partageaient leurs dernières provisions autour d’un feu de brindilles. Le plan qu’il leur exposa était une folie qui n’avait guère de chances de succès, et coûterait certainement la vie à tous ceux qui décideraient de l’accompagner. Engager le combat contre les premiers éclaireurs turcs qu’ils débusqueraient aux alentours de Damas, en déployant leurs bannières et en sonnant du cor, dans le but de se faire passer pour l’avant-garde de l’ost royal, tandis que les turcopoles, disséminés par petits groupes dans les collines environnantes, allumeraient des feux couverts d’herbe humide afin qu’ils dégagent une épaisse fumée, visible de loin, pour simuler le campement d’une troupe nombreuse… Avec un peu de chance, Zengi s’y laisserait prendre, d’autant que ses espions avaient dû l’avertir que l’armée de Foulques avait quitté Jérusalem depuis des jours. Avec beaucoup de chance, les Turcs pourraient lever le camp et battre en retraite, plutôt que de devoir affronter sur deux fronts les Francs et les Damasquins.

En revanche, il suffisait que les Turcs tiennent bon et résistent à leur assaut, ou bien que Zengi soit suffisamment bien informé pour ne pas se laisser berner, et Jeberron n’aurait alors d’autre salut que dans la fuite – en espérant attirer ses poursuivants jusqu’à la véritable avant-garde franque, à condition encore que son message soit arrivé à temps et que l’armée soit effectivement en route. Vraiment, il lui faudrait beaucoup de chance…

— Je ne peux vous ordonner de m’accompagner, conclut-il. On pourrait même vous reprocher de m’avoir suivi, au lieu de vous en tenir à notre mission première, qui devait se borner à reconnaître les abords de Damas. Libre à chacun de vous, mes frères, de venir avec moi ou de rejoindre les nôtres sur le Jourdain. Cette guerre sera longue, et ceux qui choisiront de vivre auront l’occasion de nous venger, car ceux qui m’accompagneront ne s’en sortiront sans doute pas…

Ayant dit, il alla seller son destrier. Il le saisit par la bride et s’éloigna sur le chemin de rocaille qui menait du village jusqu’à un surplomb qui leur avait servi de poste de guet, durant ces derniers jours. Là, il s’assit sur un rocher et fixa la flamme noire à croix blanche de l’Ordre, sous le fer de sa longue lance. Quelques instants plus tard, un frère sergent le rejoignait, puis un autre, puis une longue file d’hommes et de chevaux. Jeberron ne voulut pas les compter, mais il lui sembla qu’ils étaient tous là.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.