Mediator 4 - la fiancée des ténèbres by Cabot Meg

Auteur:Cabot Meg [Meg, Cabot]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2011-08-07T08:04:49+00:00

9

Chasser des fantômes n’est pas une mince affaire, croyez-moi. Il ne suffit pas de leur donner un coup de pied au derrière pour qu’ils déguerpissent. Malheureusement. Pour autant, botter des fesses a une vertu thérapeutique. Surtout sur quelqu’un qui broie du noir. Parce que c’est exactement ce qui m’arrivait. En réalisant que je reverrais plus jamais Jesse, je me suis d’abord assise pour verser toutes les larmes de mon corps. Mais ensuite il s’est passé un truc. La tristesse a cédé le pas à la colère. À la rage même. Ce n’est pas que je ne voulais pas tenir ma promesse au père Dom. J’aurais adoré lui faire ce plaisir. Seulement, j’en étais incapable. Tout comme Jesse avait été incapable de tenir la sienne.

Moins de quinze minutes après avoir raccroché le téléphone, je sortais de ma salle de bains revêtue de mes plus beaux atours pour botter des fesses ectoplasmiques – en l’absence de Jesse, j’aurais pu me changer dans ma chambre, mais les vieilles habitudes ont la dent dure. Je n’avais pas oublié mon sweat-shirt à capuche, qui pourrait sembler superflu en plein mois de juillet, mais il était minuit passé, et le petit vent en provenance de l’océan au lever du jour est frais.

Je ne voudrais pas que vous pensiez que je n’ai pas considéré la suggestion du père Dom de tout raconter à ma mère et d’évacuer la maison Ackerman. Je l’ai même considérée très sérieusement. Seulement, plus je la méditais, plus elle me semblait ridicule. Pour commencer, ma mère est journaliste. Elle est du genre à ne croire que ce qu’elle voit, ou ce qui a été démontré par la science. La seule fois où j’ai tenté de lui parler de mon don, elle n’a ajouté aucune foi à mes propos. Je me voyais donc mal débarquer dans sa chambre et lui annoncer qu’elle devait quitter la maison avec son nouveau mari parce qu’un esprit vengeur en avait après moi. Elle appellerait aussi sec sa psy new-yorkaise pour obtenir le nom d’institutions où m’envoyer me « reposer ».

Cette option était exclue, mais ça n’avait aucune importance, j’en avais une bien meilleure. Une à laquelle j’aurais pensé sur-le-champ, si je n’avais pas été perturbée par ce brancard. Au lieu d’attendre que Maria vienne à moi, c’est moi qui irais à elle et qui… la renverrais d’où elle venait. Ou la réduirais en tas de gélatine, selon la situation. Les fantômes ont beau être des morts, ils éprouvent toujours la souffrance physiquement, comme ces gens qui ont perdu un membre et le sentent encore, de temps à autre. Les fantômes savent que recevoir un coup de couteau dans le sternum est douloureux, et donc ils ont mal. Leurs blessures saignent même parfois. Bien sûr, ils se remettent très rapidement, et leurs plaies se referment. Ce qui a un côté décourageant, quand on songe que celles qu’ils m’infligent ne guérissent pas aussi vite. Peu importe, ça permet de se défouler, et Maria allait en faire l’expérience. Avec un peu de chance, son mari serait dans les parages et je pourrais lui administrer le même traitement.

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