Martin, l’enfant trouvé - Tome IV by Eugène Sue

Martin, l’enfant trouvé - Tome IV by Eugène Sue

Auteur:Eugène Sue [Sue, Eugène]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2014-01-22T20:30:42+00:00


Nous arrivâmes chez M. de Noirlieu, je laissai la voiture à la porte, j’entrai, et, comme toujours, Melchior s’apprêtait à me donner sa courte audience sur le perron du vestibule.

– Monsieur Melchior, – lui ai-je dit, – j’ai une lettre de Mme la princesse à remettre à M. le baron… à lui-même !… ce sont les ordres de ma maîtresse.

Le mulâtre sourit dédaigneusement et haussa les épaules.

– Il ne s’agit pas, Monsieur Melchior, de hausser les épaules, – dis-je en élevant beaucoup la voix, – la commission dont Madame m’a chargé est si importante et si pressée, qu’elle m’a dit de prendre sa voiture.

– Sa voiture ! – dit Melchior très-surpris.

– Oui, j’en descends à l’instant même : elle est à la porte… ainsi conduisez-moi à l’instant auprès de M. le baron, à l’instant.

– Impossible ! – me répondit rudement Melchior.

– Impossible ?…

– M. le baron est souffrant et ne reçoit personne.

– Écoutez-moi bien, Monsieur Melchior, – m’écriai-je impatienté de ce mauvais vouloir, – si à l’instant vous n’obéissez pas… aux ordres de ma maîtresse…

– Eh bien !

– Je vous prends par les deux épaules, comme cela, – et je fis ce que je disais, – je vous fais tourner comme ceci, – et j’agis en même temps que je parlais, – puis j’entre dans la maison en appelant de toutes mes forces M. le baron… il me répondra… et je lui remettrai ma lettre.

Ce disant, je fis en effet pirouetter Melchior, qui, par son âge et sa stature, ne pouvait lutter avec moi, et je m’élançai dans la maison, en criant de toutes mes forces :

– Monsieur le baron ! Monsieur le baron !

– Malheureux ! – dit le mulâtre en courant après moi, – vous tairez-vous ?…

Mais, déjà engagé dans un long corridor, je redoublais mes appels, en prêtant l’oreille de temps à autre. Enfin, j’entendis une voix faible s’écrier :

– Quel est ce bruit ? qui m’appelle ? qu’est-ce que cela ? Melchior… Melchior… où est-tu ?

Je traversai un salon, j’ouvris une porte, je me trouvai en présence de M. de Noirlieu, qui venait de se lever du fauteuil où il était assis.

Le mulâtre, pâle de rage, arrivait derrière moi ; je me hâtai de donner la lettre de la princesse au baron, en lui disant :

– Monsieur le baron… c’est une bonne nouvelle, sans doute, car Madame avait si hâte de vous la donner, qu’elle m’a envoyé dans sa voiture…

Et pendant que M. de Noirlieu décachetait la lettre d’une main tremblante, j’ajoutai :

– Je demande pardon à M. le baron du bruit que j’ai fait pour parvenir jusqu’à lui, mais M. Melchior n’a pas voulu me laisser arriver auprès de M. le baron… et…

M. de Noirlieu ne me laissa pas achever, à peine eut-il lu la lettre de Régina, lettre très-courte sans doute, qu’il pâlit, rougit, trembla, donna enfin les signes de la plus profonde émotion et s’écria d’une voix entrecoupée :

– Mon Dieu… elle dit en être sûre !… une révélation… aujourd’hui !… je pourrais l’aimer encore… l’aimer toujours.



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