Marsonia - S1 - E2 - Le souvenir douloureux by Billet Anne-Sophie

Auteur:Billet, Anne-Sophie [Billet, Anne-Sophie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Suspense
Publié: 2021-10-02T22:00:00+00:00

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Tatie Ghislaine habitait dans le même quartier que papi Maurice, à quelques centaines de mètres. Elle vivait dans une maison identique à la sienne, mitoyenne, avec un petit carré de pelouse sur le devant et un jardin à l’arrière. Un étage, trois chambres, une salle de bain et au rez-de-chaussée, une cuisine ouverte sur le salon. La seule différence marquante était la décoration. Tatie adorait les couleurs, les huiles essentielles et les plantes. Si bien que chaque fois que l’on entrait chez elle, différentes odeurs nous assaillaient puis nous étions éblouis par une kyrielle de couleurs. Elle adorait également sa chatte, nommée Poupette, blanche immaculée aux yeux jaunes perçants. Si vous aviez le malheur de croiser son regard, vous preniez soit un coup de patte, soit un miaulement digne d’un exorcisme.

Elle vivait seule, depuis toujours. N’ayant pas trouvé chaussure à son pied, tatie Ghislaine était restée célibataire et sans enfant. Une situation qui lui allait bien, elle qui était indépendante et active. Elle travaillait dans une boulangerie à mi-temps, se contentait de peu et s’en accommodait.

Elle s’extasia de joie en apercevant Franck, ravie qu’elle était de pouvoir partager sa nourriture avec le plus grand nombre. Elle n’avait pas chômé et nous annonça le repas comme pour nous préparer mentalement à ce qui allait suivre : une entrée constituée d’un cake aux légumes avec une salade, un poulet rôti au four avec ses patates douces, le fameux plateau de fromages, les fruits à profusion et le dessert, un cookie grandeur nature aux pépites de chocolat.

Charly lui fit la fête, ses deux petites pattes cherchant les caresses puis alla renifler Poupette. Il y eut un temps d’arrêt, un moment de flottement. Elle grogna, siffla entre ses dents et Charly s’éloigna. Ça n’allait pas plus loin. Ces deux-là ne se détestaient pas vraiment, mais on ne pouvait pas non plus dire que c’était l’amour fou. Ils se supportaient mutuellement et Poupette acceptait qu’il soit présent de manière ponctuelle.

— Alors, les enfants ? Quoi de neuf aujourd’hui ?

Elle portait un magnifique haut coloré qui resplendissait. Avec ses cheveux courts méchés et coiffés en pétard, elle rayonnait de santé.

— La routine pour ma part, un employé qui nourrit les chats en cachette.

Elle posa une main sur son cœur.

— Quel saint !

Ce n’était pas le mot que j’aurais utilisé.

— Pour ma part une rencontre avec le maire et une journée calme.

Elle fit la grimace.

— Quel merdeux celui-là ! À se demander comment il a été élu ! Aussi suffisant que son père !

— Tu as connu le père Rivoire ? lui demandai-je.

Elle haussa les épaules.

— Un peu.

Elle remua la main.

— Il jouissait d’une sacrée réputation, si tu vois ce que je veux dire. Les femmes ne crachaient pas dessus, il savait y faire.

— Qu’est-il devenu ?

— Un AVC. Il y a à peu près 10 ans. Un choc brutal pour tout le monde, lui qui était toujours en bonne santé. Il vit chez son fils, je crois, enfin vivre, survivre plutôt. Prêts pour le plat ? s’exclama-t-elle.

Elle ramena le poulet découpé et les patates et chacun se servit.

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