Marie-Louise (French Edition) by Charles-Eloi VIAL

Marie-Louise (French Edition) by Charles-Eloi VIAL

Auteur:Charles-Eloi VIAL [VIAL, Charles-Eloi]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EDI8
Publié: 2017-05-17T22:00:00+00:00


Dans la même lettre, elle nota pourtant cette phrase étrange : « Je sens que mon caractère change ; on dit que c’est tous les sept ans […]. On fait tout au monde pour me distraire, on n’y réussit pas. Ces messieurs prétendent qu’il y a trois mois que je n’ai pas souri une seule fois ; tout le monde est même frappé de mon changement. »

Marie-Louise avait bel et bien changé. C’est seulement à ce moment, en novembre 1814, qu’elle abandonna pour de bon l’idée de rejoindre son mari, qu’elle avait définitivement cessé d’aimer. Après le départ de Neipperg en Italie, elle eut à nouveau le temps de réfléchir à son avenir. Au moins autant que l’angoisse de devoir renoncer à son indépendance et à un trône pour elle et son fils, Marie-Louise dut connaître de grands tourments moraux à l’idée de manquer à ses devoirs d’épouse. Elle eut pourtant le courage de passer outre sa conscience religieuse, tout en sachant qu’elle s’exposerait aux moqueries de l’Europe entière. Elle accepta l’idée de demeurer l’épouse séparée de l’empereur de l’île d’Elbe sa vie durant puis de transmettre à leur enfant le duché de Parme, mais pour elle toute vie commune avec Napoléon était désormais impossible. Cette résolution se retrouve dans l’une de ses lettres à Catherine de Westphalie. Celle-ci, désespérée des liaisons perpétuelles de Jérôme, lui avait fait part de sa décision de désormais « vouer son existence à [son] devoir d’épouse et de mère ». Affichant ses blessures de femme trompée, Marie-Louise lui répondit : « Croyez que j’entrevois l’étendue de vos peines ; je les ai bien partagées109. » Quelques mois plus tard, elle écrivit dans l’un de ses carnets que si la reine de Westphalie voulait « rester à son mari », elle avait quant à elle « souvent béni le Ciel de n’avoir pas eu les mêmes sentiments ». Quelques pages plus loin, elle nota encore une phrase qui semble parfaitement résumer sa décision : « Il n’est permis de disposer de la destinée d’une femme qu’autant qu’on espère la rendre heureuse ; lorsqu’on n’a pas cette espérance, on ne peut s’opposer à ce qu’un autre se charge du soin de son bonheur. Bien peu de gens pensent ainsi, je ne connais qu’Albert [de Neipperg] qui serait capable d’un pareil sacrifice110. » Pour son bonheur, elle avait trouvé quelqu’un pour la consoler de ce mari qui lui avait brisé le cœur après lui avoir fait perdre son Empire.

Marie-Louise assuma donc les conséquences de son abandon, sachant qu’elles ne rejailliraient que sur elle et qu’elle pourrait, à ce prix, se retrouver libre de vivre son amour avec Neipperg sous le beau ciel d’Italie. Toute sa vie, elle fut accusée de légèreté et d’égoïsme en France, alors qu’elle avait simplement eu le courage de prendre, en toute liberté, une décision qui devait l’engager pour le reste de son existence.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.