Manuel d'action politique by Michael Walzer

Auteur:Michael Walzer [Walzer, Michael]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Politique, activisme, militantisme, philosophie, écologie, États-Unis, féminisme
ISBN: 9782850610141
Éditeur: Premier Parallèle
Publié: 2019-10-20T03:00:00+00:00

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1. Soit la relation instituée par la transaction monétaire. (N.d.T.)

XII. La place des femmes

L’exercice professionnel de la politique est l’apanage quasi exclusif des hommes. Les femmes sont beaucoup plus nombreuses dans le monde de l’engagement citoyen, où elles sont majoritaires dans de fort nombreux champs d’activité. Les jeunes activistes qui se battent pour mobiliser du monde considèrent qu’il est plus facile de retenir l’attention des femmes au foyer que des hommes qui travaillent ; et les femmes au foyer, de fait, ont du temps à consacrer à la politique ‒ de même qu’elles ont, le cas échéant, du temps pour leur paroisse ou telle ou telle œuvre de charité. La politique n’est pas si différente de ces activités, bien qu’elle soit parfois plus importante. Les femmes s’y impliquent, y réalisent un travail important, qui bénéficie souvent de leur longue expérience. Mais elles n’accèdent que rarement à des postes de direction et, lorsque des décisions cruciales doivent être prises, leur expérience et leur implication sont rarement reconnues à leur juste valeur.

Les raisons d’une telle situation n’ont pas grand-chose à voir avec l’engagement citoyen en particulier. La subordination des femmes, et tout particulièrement des femmes d’un certain âge, dans les partis ou les jeunes mouvements n’est qu’un exemple supplémentaire de leur position dans la vieille société. Les activités traditionnelles dont les femmes se chargent le plus volontiers au sein du mouvement sont généralement les moins bien rémunérées. Et le travail à temps partiel, qui est la solution la plus simple pour celles qui ont des enfants, est partout sous-estimé ‒ et pas seulement au sein du mouvement. Ici comme à l’extérieur, les femmes s’en remettent aux hommes ‒ aux jeunes activistes, aux vétérans de la politique, aux semi-professionnels et dirigeants à temps partiel, qui se retrouvent, débattent, négocient et prennent des décisions. Même les femmes engagées politiquement, occupant des postes clés et jouant un rôle managérial, sont généralement exclues des conseils d’administration et des comités directeurs, qui prennent les ultimes décisions quant aux divers projets du mouvement. Cette exclusion a parfois une excuse politique ; souvent, il faut bien le dire, les femmes impliquées ne protestent pas. Peu sûres de leur rôle politique, inquiètes des éventuelles conséquences de leur engagement sur leur vie de famille, souffrant d’un manque de confiance en elles, elles ont vite fait de devenir les « petites mains ».

Cette situation n’est pas normale et je laisse aux femmes elles-mêmes le soin de formuler les critiques les plus importantes sur le sujet. Je veux seulement signaler une conséquence de leur subordination sur l’action politique citoyenne : le caractère éphémère de tant de mouvements non professionnalisés. Cela s’explique au moins en partie par le fait que le pouvoir, dans ces mouvements, revient aux personnes les moins ancrées dans une quelconque communauté locale, aux personnes les plus éloignées de celles qui y assument des responsabilités ‒ nombre d’entre elles étant précisément des femmes.

C’est là une situation très différente de celle que l’on constate au sein des grands

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