Mémoires : Fils de la nation T. 1 by Jean-Marie LePen

Mémoires : Fils de la nation T. 1 by Jean-Marie LePen

Auteur:Jean-Marie LePen [LePen, Jean-Marie]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9791090947214
Éditeur: Muller Editions
Publié: 2018-02-27T23:00:00+00:00


Tel est le piège politique dont notre corps expéditionnaire avait été victime. Peu à peu des contingents de l’ONU nous remplacèrent, ce fut la création sur le tas des casques bleus. Quant aux Israéliens, ils durent évacuer, après d’âpres négociations, les territoires qu’ils avaient conquis, la bande de Gaza, le Sinaï, mais conservèrent l’armement promis et fourni par la France. Deux généraux, deux aviateurs, s’occupèrent des transferts nécessaires, Maurice Challe et Edmond Jouhaud, deux sur les quatre qui allaient diriger le putsch d’avril 1961 à Alger. (Le dit putsch, vite embourbé dans la question difficile des ralliements, ne devait pas consacrer beaucoup de temps à explorer les moyens concrets d’exercer le pouvoir, ni à rechercher les alliés internationaux qui auraient pu ravitailler l’Algérie : l’un des rares noms à figurer dans les très courtes conversations à ce sujet serait celui d’Israël.)

L’opération de Port-Saïd n’avait pas duré deux jours et nous eûmes près de deux mois pour remâcher notre amertume sur place puisqu’on n’allait rembarquer que le 23 décembre. Nous avons vu débarquer les fameux combattants de la paix, avec leur dotation en munitions de six cartouches, pas une de plus, pas une de moins. Les Suédois avaient même apporté leurs vélos. Le guignol de l’ONU commençait. Quelques navires échoués obstruaient le canal, symboles lamentables de la politique qui nous avait menés là. Du temps de leur puissance, l’Angleterre et la France avaient presque toujours été ennemies, elles avaient enfin scellé l’entente cordiale dans l’impuissance partagée, la débâcle morale.

Les jours ne nous paraissaient pas si longs que cela, car le légionnaire ne reste jamais inactif. Quand l’actualité le prive d’opérations, il s’entraîne, il s’instruit : l’instruction est permanente. Et puis nous eûmes une distraction dont nous nous serions bien passés. Un de nos légionnaires espagnols déserta avec son arme. Loulou Martin négocia son retour avec les Égyptiens. Il nous fut livré les yeux bandés. On les lui débande. Il s’aperçoit épouvanté qu’il est devant son régiment. Martin était partisan qu’on le fusille sans perdre de temps, c’est la loi pour les désertions en temps de guerre. Mais la SM débarqua et nous l’enleva. Il prit cinq ans de prison. Ce n’est pas rien. Le temps d’engagement d’un homme du rang à la Légion.

Nous n’étions pas parfaitement inutiles, nous protégions le départ des nombreux juifs d’Égypte, persona non grata depuis un an déjà, et qui risquaient désormais leur vie. Une bonne part partit pour la France, d’autres vers l’Argentine, Israël, le Brésil et les États-Unis. Avec eux durent partir aussi de nombreux Français, Italiens et Grecs. Un monde qui datait de l’Antiquité se défaisait. Nos chefs de corps se faisaient prendre en photo sous la statue monumentale de Lesseps dressée sur les quais de Port-Saïd : il n’était que temps, le 23 décembre, une charge de TNT la jetterait à bas. En même temps, Nasser triomphait. Il devenait le chef adulé du monde arabe, fermement soutenu par l’URSS dont le prestige croissait au Moyen-Orient. Le FLN et ses amis allaient pouvoir narguer l’impuissance française.



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