Mailman by J Robert Lennon

Mailman by J Robert Lennon

Auteur:J Robert Lennon [Lennon, J Robert]
La langue: eng
Format: epub
Tags: littérature américaine
ISBN: 9791090724129
Google: D_IVtA5TgnYC
Éditeur: W W Norton & Company Incorporated
Publié: 2004-09-14T22:00:00+00:00


Le voyage dura une éternité. Les passagers se faisaient plus rares à mesure que le train avançait. De temps en temps, une silhouette sombre et titubante longeait son siège. Il dormit le plus possible, mangea quand il pouvait ; se dégourdit les jambes sur les quais de toutes les gares dans des villes, grandes et moins grandes, aux noms imprononçables : Saryshaghan, Qaraghandy, Arualyq. Il descendit à ce dernier arrêt. Sur le quai se tenait un seul homme avec une barbe énorme, le teint d’une extrême pâleur ; il avait dans ses mains une pancarte sur laquelle était écrit ABLERT USA. Mailman souleva son sac à dos et se dirigea vers lui en hochant la tête. L’homme hocha la tête à son tour puis s’éloigna. Mailman lui emboîta le pas. L’homme le conduisit jusqu’à une voiture rongée par la rouille, équipée de pneus de marques et de tailles différentes. Une vitre cassée avait été remplacée par un rectangle de carton soigneusement découpé. Le moteur tournait, émettant une espèce de raclement pas désagréable, comme un chat qui gratterait à la porte pour qu’on vienne lui ouvrir. Mailman prit place à l’arrière ; il ne voulait pas risquer d’abîmer le bricolage de la vitre cassée à l’avant de la voiture, côté passager. Le chauffeur s’engouffra derrière le volant.

« Vous aller Uchqubat.

— Vous parlez ma langue ! »

L’homme fronça les sourcils en secouant la tête. La signification de ce geste n’était pas claire : est-ce qu’il ne comprenait pas ? ou est-ce qu’il ne voulait tout simplement pas parler ? Avait-il atterri dans un de ces nombreux endroits où l’on méprisait les Américains, se demanda Mailman, et si tel était le cas, pour quelle raison – parmi les nombreuses valables – les méprisait-on ?

Ils roulèrent. Comme à Almaty, la route ressemblait à une coulée de boue, entrecoupée çà et là de portions de goudron défoncé qui entravaient la circulation plus qu’elles ne la facilitaient. À chaque bosse, un craquement assourdissant se faisait entendre sous le véhicule ; Mailman retenait alors son souffle, mais le chauffeur, lui, n’avait pas l’air inquiet, bien que quelque chose semblât réellement en train de se déglinguer là-dessous, bien que les bas-côtés fussent jonchés de bagnoles en panne recouvertes de boue, voire incendiées comme c’était le cas pour l’une d’elles. Le trajet avait débuté au pied des montagnes mais à présent, ces dernières s’éloignaient, et devant eux, tout était plat, humide et gris, et tout devenait encore plus plat, plus humide et plus gris à mesure qu’ils avançaient. Ils passèrent des villages et des fermes délabrées ; des vaches ou peut-être des bœufs traînaient leurs carcasses déprimées dans les champs alentour. Au bout d’un moment, des immeubles surgirent dans le lointain puis se rapprochèrent pour finalement les encercler. La voiture s’immobilisa.

« Ici Uchqubat », déclara le chauffeur.

Mailman resta bouche bée. Ils se trouvaient à la périphérie de la ville, là où la route boueuse cédait le pas au bitume (craquelé, mangé par la mauvaise herbe) ; d’un côté se



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