Lunar Caustic by Malcolm Lowry

Lunar Caustic by Malcolm Lowry

Auteur:Malcolm Lowry
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Lettres Nouvelles
Publié: 2021-07-29T16:00:00+00:00


11.

Une fois encore, un homme s'arrêta en sortant de l'hôpital municipal. Une fois encore, non sans vacarme et tremblement, la porte de l'hôpital se referma derrière lui.

Dehors, il n'éprouva nulle sensation de délivrance, rien que de l'inquiétude. Avec une pointe de nostalgie, il ne cessait de regarder, derrière lui, l'édifice qui lui avait servi de maison. Il le trouva vraiment beau et il contourna une boutique d'angle.

Là, il acheta une pochette de timbres ornés de petites reproductions : des tigres venus des Établissements du Détroit, des éléphants des Indes ; un nègre gravissait un escalier sur un exemplaire sénégalais, un ornithorynque à bec de canard personnifiait l'Australie, un tigre d'une autre espèce, plus féroce, l'Oubangui-Chari.

Il avait eu l'intention de les envoyer à Garry. Au lieu de cela, avec un certain sentiment de culpabilité, il mit l'enveloppe dans sa poche. Retourner à l'hôpital lui paraissait trop dur. Puis, le remords d'avoir abandonné ses amis s'imposa, si cuisant, qu'il domina sa peur, et il revint sur ses pas. À mi-chemin, il acheta pour un dollar d'oranges. À l'hôpital, il chargea une infirmière de faire parvenir les oranges et les timbres à la Salle d'Observation, pour M. Kalowsky et Garry.

Au moment où il s'approchait du centre de la ville, il prit conscience d'étranges bruits ; les visages des malades grouillaient autour de lui, soudain il se mit à sauter d'énervement, croyant Ruth juste derrière lui. La figure grimaçante de M. Battle fondit sur lui. Plus tard, il s'imagina voir ses parents lui tirer leur révérence dans la rue, avec une expression chagrine, effrayée. L'espace d'un demi-pâté de maisons, il leur courut après, mais ils se transformèrent, mystérieusement, en deux petits Indiens. Un membre de son orchestre s'engouffra dans un magasin d'instruments de musique. Il traversa la rue. À présent, chaque visage sévère qu'il rencontrait devenait celui d'un Inspecteur du Service de l'Immigration qui le talonnait. Après une légère hésitation, il jeta la bouteille de whisky.

Simplement, sans la moindre ironie, elle lui avait été été retirée, par le concierge, puisque c'était son bien. « Vous n'allez plus en avoir besoin, vieux pote », avait dit l'homme. « Merci bien, avait répondu Bill, je m'en vais la jeter moi-même. »

Donc, il la jeta dans la poubelle. Puis il y retourna et la repêcha.

Il n'oubliait pas qu'il cherchait la maison de Melville. L'emplacement devait se trouver par là, mais tout ce qu'il put découvrir fut une boutique, Zimmerman charpentier et, à côté, un modeste restaurant espagnol, Alarcon propriétaire. Étrange, se dit-il. Il entra, dans une église qu'il connaissait, il l'inventoria du regard. Sur une peinture, au-dessus de lui, on offrait un verre au Christ. Il médita un instant. L'idée même du vinaigre envoya un flot de sang dans ses veines. Il n'y avait là qu'une seule personne, une femme en noir, agenouillée. C'était l'occasion ou jamais. Que faire d'autre, puisque la somme de souffrances était si grande ? D'un geste fébrile, coupable mais triomphant, il avala une ample gorgée de whisky. Il remit la bouteille sous les basques de son veston et se hâta de sortir.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.