Love Sonnets and Elegies by Louise Labe

Love Sonnets and Elegies by Louise Labe

Auteur:Louise Labe
La langue: eng
Format: epub
ISBN: 978-1-59017-748-8
Éditeur: New York Review Books
Publié: 2014-03-20T16:00:00+00:00


Elegie II

D’un tel vouloir le serf point ne desire

La liberté, ou son port le navire,

Comme j’atens, helas, de jour en jour

De toy, Ami, le gracieus retour.

Là j’avois mis le but de ma douleur,

Qui fineroit, quand j’aurois ce bon heur

De te revoir: mais de la longue atente,

Helas, en vain mon desir se lamente.

Cruel, Cruel, qui te faisoit promettre

Ton brief retour en ta premiere lettre?

As tu si peu de memoire de moy,

Que de m’avoir si tot rompu la foy?

Comme oses tu ainsi abuser celle

Qui de tout tems t’a esté si fidelle?

Or’ que tu es aupres de ce rivage

Du Pau cornu, peut estre ton courage

S’est embrasé d’une nouvelle flame,

En me changeant pour prendre une autre Dame:

Jà en oubli inconstamment est mise

La loyauté que tu m’avois promise.

S’il est ainsi, & que desja la foy

Et la bonté se retirent de toy:

Il ne me faut esmerveiller si ores

Toute pitié tu as perdu encores.

O combien ha de pensee & de creinte,

Tout aparsoy, l’ame d’Amour ateinte!

Ores je croy, vu notre amour passee,

Qu’impossible est, que tu m’aies laissee:

Et de nouvel ta foy je me fiance,

Et plus qu’humeine estime ta constance.

Tu es, peut estre, en chemin inconnu

Outre ton gré malade retenu.

Je croy que non: car tant suis coutumiere

De faire aus Dieus pour ta santé priere,

Que plus cruels que tigres ils seroient,

Quand maladie ils te prochasseroient:

Bien que ta fole & volage inconstance

Meriteroit avoir quelque soufrance.

Telle est ma foy, qu’elle pourra sufire

A te garder d’avoir mal & martire.

Celui qui tient au haut Ciel son Empire

Ne me sauroit, ce me semble, desdire:

Mais quand mes pleurs & larmes entendroit

Pour toy prians, son ire il retiendroit.

J’ay de tout tems vescu en son service,

Sans me sentir coulpable d’autre vice

Que de t’avoir bien souvent en son lieu

Damour forcé, adoré comme Dieu.

Desja deus fois depuis le promis terme,

De ton retour, Phebe ses cornes ferme,

Sans que de bonne ou mauvaise fortune

De toy, Ami, j’aye nouvelle aucune.

Si toutefois pour estre enamouré

En autre lieu, tu as tant demeuré,

Si say je bien que t’amie nouvelle

A peine aura le renom d’estre telle,

Soit en beauté, vertu, grace & faconde,

Comme plusieurs gens savans par le monde

M’ont fait à tort, ce croy je, estre estimee.

Mais qui pourra garder la renommee?

Non seulement en France suis flatee,

Et beaucoup plus, que ne veus, exaltee.

La terre aussi que Calpe & Pyrenee

Avec la mer tiennent environnee,

Du large Rhin les roulantes areines,

Le beau païs auquel or’te promeines,

Ont entendu (tu me l’as fait à croire)

Que gens d’esprit me donnent quelque gloire.

Goute le bien que tant d’hommes desirent:

Demeure au but ou tant d’autres aspirent:

Et croy qu’ailleurs n’en auras une telle.

Je ne dy pas qu’elle ne soit plus belle:

Mais que jamais femme ne t’aymera,

Ne plus que moy d’honneur te portera.

Maints grans Signeurs à mon amour pretendent,

Et à me plaire & servir prets se rendent,

Joutes & jeus, maintes belles devises

En ma faveur sont par eus entreprises:

Et neanmoins, tant peu je m’en soucie,

Que seulement ne les en remercie:

Tu es tout seul, tout mon mal & mon bien:

Avec toy tout, & sans toy je n’ay rien:

Et n’ayant rien qui plaise à ma pensee,

De tout plaisir me treuve delaissee,

Et pour plaisir ennui saisir me vient.



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