L'otage de Jolo by Gérard de Villiers

Auteur:Gérard de Villiers [Villiers, Gérard de]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE X

Les yeux mi-clos, Roméo Putik protesta d’une voix molle, en essayant de descendre de la planche :

— Je vous ai dit que je ne voulais plus rien faire ! C’est trop dangereux.

— Il ne s’agit pas d’aller chercher des informations, corrigea Malko. Simplement d’aider à la libération de Jeffrey Cox.

Le gros Philippin émergea complètement de sa torpeur amoureuse et se dressa sur un coude. Nu, il était vraiment répugnant.

— La libération ! fit-il à mi-voix, mais comment ? Vous voulez payer une rançon ? Je vous ai dit qu’ils n’accepteraient pas.

— Non, fit Malko, nous ne paierons pas de rançon. Les Américains ont mis au point une opération pour aller le chercher, mais ils ont besoin de vous.

Il avait hésité avant de se lancer, car si Roméo Putik parlait, tout son plan était à l’eau. Mais impossible de tenir le Philippin à l’écart. Ce dernier écouta l’exposé de Malko en rétrécissant à vue d’œil, comme une motte de beurre au soleil. Malko termina en précisant :

— Personne ne saura que vous êtes mêlé à cette opération. Vous arriverez avec les commandos green Berets qui ne sauront rien de vous, vous les guiderez et vous repartirez avec eux. Un hélico vous déposera ensuite sur la base militaire de Zamboanga d’où vous regagnerez le Garden Orchid. Toute l’opération prendra cinq heures au plus. Le départ se fera de nuit.

— Je ne suis jamais monté en hélicoptère, objecta le Philippin, et j’ai peur en avion.

— On vous donnera des pilules contre le mal de l’air, promit Malko. Et vingt mille dollars. Dix avant, dix au retour. Tout ce qu’on vous demande, c’est de marcher environ deux kilomètres depuis l’endroit où ils débarqueront jusqu’au camp Abu Sayyaf. Ceux qui pourraient vous apercevoir seront éliminés.

— C’est long, deux kilomètres, objecta le Philippin. Je ne marche jamais beaucoup.

— C’est vrai, reconnut Malko, mais on ne peut pas faire autrement. Vous connaissez un endroit où on peut débarquer facilement ?

Roméo Putik réfléchit quelques instants.

— Oui, à Point Paticul, il y a une petite plage de sable, mais c’est à près de cinq kilomètres, en face d’une cocoteraie. Là-bas il n’y a que des singes. On suit ensuite la route, mais je ne pourrai jamais marcher aussi loin. Déjà, je ne sais pas nager.

— Vous serez équipé d’un gilet de sauvetage, promit Malko.

— Non, non, je n’y arriverai pas, gémit Roméo Putik.

Malko sentait le Philippin déchiré. Pas par les scrupules mais par ses capacités physiques limitées, et là, il ne pouvait pas le convaincre. C’était trop bête. Il eut soudain une idée.

— Écoutez, fit-il, il y a une solution. On va vous porter !

Le Philippin ouvrit de grands yeux.

— Me porter ! Mais comment ?

Il n’en revenait pas. Malko le jaugea d’un regard.

— Combien pesez-vous ?

— Cent quarante kilos.

— Quatre hommes y arriveront facilement, assura Malko ; dans un hamac. Il suffira que vous marchiez en tête. Vous ne participerez pas à l’action. Dès qu’ils seront assez près, on vous posera.

Roméo Putik descendit de sa planche en soufflant.

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