[L'opéra de l'Espace-2] Les voies du ciel by Genefort Laurent

[L'opéra de l'Espace-2] Les voies du ciel by Genefort Laurent

Auteur:Genefort,Laurent [Genefort,Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: FNA 1994 (1996)
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE IX

Axelkahn pinça sa bouche entre le pouce et l’index, comme s’il goûtait physiquement la menace de mort que le Maréchal-Intendant venait de prononcer à son encontre.

« Une station de trop », songea-t-il avec amertume, non pour lui-même mais pour la troupe. L’idée lui vint qu’il pouvait peut-être la laisser ici, et continuer seul sa route.

L’instant d’après, il la rejeta. Irréaliste. Abandonner la Compagnie des Fous à Caudil, cela signifiait qu’il pouvait faire une croix dessus.

Une autre idée, froide comme un glaçon, figea le cours de ses pensées. Et s’il entrait dans les plans de l’intendant de s’approprier la Compagnie, par exemple en le supprimant ? Le statut de Diable vert d’Axelkahn ne l’avait pas impressionné. Il n’avait jamais voulu raconter la façon dont il était entré en possession du pistolet Gauss. L’hypothèse de l’assassinat jetait une lumière nouvelle sur son obstination à assister aux répétitions. Non pour se divertir, mais pour apprendre la manière de diriger une troupe.

Raison de plus pour partir tous ensemble. Ils se sépareraient à la station suivante. La nacelle retournerait dans les bulbes périphériques, lui continuerait vers le centre.

Il s’éclaircit la gorge, résolu à faire front.

— Nous supprimer serait une dépense d’énergie inutile. Que représentons-nous morts ?

— Quelques kilos d’engrais, quelques litres de méthane.

— Je croyais la vie précieuse, à Limort.

L’autre le considéra avec amusement.

— La politique, ce n’est pas que la gestion d’une communauté. Tu parlais d’énergie. Le désir est une forme d’énergie. Peut-être celle-là même qui nous vient des Vangk.

— Quand elle est contrôlée.

— Tu as l’esprit crochu, mais tu sais quand les intérêts des tiens sont en jeu. Et moi je sais que tu seras raisonnable.

« Fin de la scène et de l’acte », pensa Axelkahn sans répondre. Ce qui avait valeur d’acquiescement. Pour le moment, il n’avait rien à opposer au potentat. Ce dernier pouvait les contraindre par la force, et n’hésiterait pas à le faire.

Les jours suivants lui en donnèrent confirmation : trois miliciens s’installèrent à demeure dans le théâtre. Ils ne discutaient qu’entre eux. Sans doute avaient-ils reçu l’ordre de ne pas côtoyer les comédiens. Aucun espoir de fraterniser avec eux. Ils circulaient dans les coulisses, devant les loges, sans un mot.

Rouge de colère, Axelkahn se rendit à la maréchalerie. L’Intendant ne pouvait le recevoir, mais on lui dit que ces affectations avaient pour but de les protéger. Axelkahn eut beau tempêter, rien n’y fit.

Le théâtre ne lui appartenait pas, il n’avait rien à dire.

Rentré au théâtre, il tint conseil avec Lisiane et Moklin dans une loge. La proximité des miliciens les obligea à baisser la voix, comme des conspirateurs.

— Pourquoi nous avoir imposé ces hommes ? dit Lisiane.

— Une manière de nous empêcher de partir à l’improviste. Ces gardes doivent avoir des consignes en ce sens. Nous sommes retenus prisonniers, voilà la situation.

Moklin plissa les lèvres en une grimace de défi :

— Je peux les mettre dehors. À trois, ils ne font pas le poids contre moi. Caudil saisira le message.

— N’en sois pas si sûr. C’est un despote qui ne supporte pas de voir son autorité remise en question.



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