L'ombre des fantômes by Lise Bédard

L'ombre des fantômes by Lise Bédard

Auteur:Lise Bédard
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9781771201377
Éditeur: Les Éditions du Vermillon


Véronique avançait majestueusement dans la grande allée, baignée de soleil, tel un papillon blanc dans sa robe vaporeuse. Victor, vêtu de son complet marine, avait redressé l’échine et fier comme un prince serrait le bras de Véronique qui s’abandonnait à cette étreinte. Ainsi sa princesse allait épouser ce jeune homme avenant aux yeux étincelants d’amour. Elle avait trouvé son port. En avant, Céleste essuyait une minuscule larme qui s’entêtait à humecter sa voilette.

Au repas de noces, étiquette oblige, Jovette avait une place à la table d’honneur. Corinne, la paupière sèche et la mine revêche, ne mettait guère en valeur la robe et le bibi signés Richard Robinson. Une petite folie! Véronique embrassa l’ensemble et se dit que ces deux-là auraient été bien aux dernières loges. Il y avait aussi Constance à surveiller au cas où elle tenterait de déclencher un esclandre. Chacun des protagonistes restait prudemment sur son quant-à-soi. Les mariés ouvrirent la danse sur la musique du Café des trois colombes. La soirée fut un succès.

Le quotidien reprit rapidement ses droits. Pour ajouter à la gêne financière, aux heures impossibles de Julien, la bisbille se répandait au travail de Véronique. Son humeur s’en ressentait. Certains jours, elle était agressive comme une tigresse, d’autres, absolument abattue, déprimée. Bientôt elle eut des troubles du sommeil. Elle consulta un médecin. Un mois plus tard la situation s’était encore dégradée malgré la médication. Elle continuait ses études où elle passait de justesse. À la maison, son côté sombre prenait souvent le dessus. Julien usait d’une patience exemplaire avec elle… quand il était là. Le docteur finit par signer un papier ordonnant un congé de maladie. Épuisement professionnel. Le retrait du travail lui permit de dormir davantage ce qui lui fit du bien. En même temps les ennuis d’argent empirèrent. Ils essayaient bien de faire des économies de bouts de chandelles, tout ce qui pouvait être coupé l’avait été. Il fallait absolument qu’ils tiennent jusqu’à la fin de l’année scolaire de Véronique.

Un oncle de la jeune femme était détenteur d’une concession de maisons préfabriquées. Il gagnait très bien sa vie. Il habitait à une heure de route des grands-parents de Véronique. Julien rêvait d’un emploi comme celui-là. Enfin la sécurité! Il y aspirait tellement. C’était avec une certaine amertume qu’il avait tiré un trait sur l’enseignement. Il se pouvait, au fond, qu’il soit allé à l’université juste pour plaire à ses parents. L’instruction représente toujours un plus dans la vie, se disait-il pour se consoler. De son côté, Véronique avait terriblement le goût de se rapprocher de ceux qui lui étaient familiers.

Julien écrivit une lettre à l’oncle Hubert et y joignit un curriculum vitae. Véronique y glissa un petit mot gentil. Ils attendirent une réponse pendant au moins trois semaines. Jamais le temps ne s’étire autant que dans l’attente. Un soir où ils venaient de se disputer pour une vétille, la sonnerie du téléphone retentit dans l’appartement devenu silencieux comme une sacristie. Hubert expliquait qu’il n’avait rien trouvé pour le moment mais qu’il s’attendait à des ouvertures au début du printemps.



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