L'odeur du jour by Martinigol Danielle

L'odeur du jour by Martinigol Danielle

Auteur:Martinigol, Danielle [Martinigol, Danielle]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Adolescence, fantastique
Éditeur: Hachette Romans
Publié: 2019-02-13T00:00:00+00:00


Quand je rentre enfin chez moi, après avoir traversé la moitié de la ville comme un zombie, les poings serrés de rage, autant contre elle que contre moi d’ailleurs, je monte directement dans ma chambre sans passer par la cuisine, d’où ma mère me demande si ma matinée a été bonne, me précise que le repas est prêt et m’avertit que ce serait bien de redescendre vite. Je grogne seulement que je vais à la douche. L’eau très chaude et ruisselante me calme un peu, me lavant surtout de l’énervement que je ressens. Comment en sommes-nous arrivées là ? Qu’est-ce que j’ai raté pour qu’Angèle m’inclue de nouveau dans la bulle de mépris qu’elle exprime envers tout le monde ? Pourquoi avoir rejeté en bloc tout ce qu’on a vécu ensemble ? Est-elle ou n’est-elle pas flaireuse ? Je n’en reviens pas qu’elle ait même nié l’adoration qu’elle avait pour Mme Blanche.

Enveloppée dans mon peignoir de bain, je fixe mon image dans le miroir embué. Je me dis que je suis une fille d’une banalité consternante. Qu’en côtoyant Angèle Pontair, j’ai eu l’impression de vivre quelque chose d’excitant. Quelle idiote ! Une belle illusion… Comme les deux fantômes qui s’imposent à moi depuis trop longtemps… Ces deux gars m’empoisonnent la vie, en fait. Allez rideau, basta, je passe à autre chose. Finalement, je pense comme Angèle le Démon : tout ça n’est qu’un ramassis de fadaises.

Je me sèche, m’habille, me maquille légèrement pour masquer ma pâleur, qui risque d’alerter mes voisins du dessous, comme je qualifie parfois mes parents. Je décide d’être guillerette et je descends, un sourire plaqué aux lèvres. En m’asseyant devant le bœuf bourguignon mitonné par maman, je constate que je n’ai guère faim. Papa a ouvert une bonne bouteille. Il aime m’initier aux grands vins et m’autorise à en déguster de temps en temps avec lui. Je tends mon verre. Premier cru. Nuits-Saint-Georges. Le nom du village me replonge brusquement dans mes questionnements : saint Georges, saint Sébastien…

— Mutti n’a pas téléphoné ? demandé-je en regardant la couleur rouge sang du vin qui nappe le verre de cristal au creux de ma main.

Pourquoi est-ce une foutue odeur de chlore que j’ai sentie ce matin et non l’arôme fruité de ce vin ?

Ma mère pousse un cri comme elle seule en est capable.

— Ouiiiiiiii, Mutti a appelé. Comme tu n’étais pas là, elle m’a chargée de te dire qu’elle continuait à chercher tout ce qui touche de près ou de loin à saint Sébastien autour de Soissons.

Je hausse les sourcils. Soissons ! J’avais occulté le nom de cette ville où se trouve la relique du demi-crâne du saint.

Ma mère poursuit :

— Elle m’a demandé de noter une adresse pour toi. Je l’ai écrite là-dessus.

Elle montre le tableau à messages familial, le « pense-mignonne » comme elle dit. Maman refuse de parler d’un pense-bête chez nous, car personne n’est bête, ici, n’est-ce pas ? Une telle remarque aurait plu à Mme Blanche.

Zut ! Moi qui voulais ne plus



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