Livre pour adultes by Unknown

Livre pour adultes by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Editions Gallimard
Publié: 2016-05-29T16:00:00+00:00


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Le quatrième volet du reportage de Daisy Bruno n’apporta pas de nouvelles révélations sur les mœurs de la tribu. Mais il réservait, pour la fin, le clou de cette affaire, en délivrant des informations dont le professeur Edmundsen, organisateur de l’expédition, n’avait lui-même aucune connaissance.

Après une seconde nuit passée dans la caverne, le titulaire de la chaire d’archéologie préhistorique avait décidé, en effet, de rentrer à Omaba Hills. Le teint livide, il n’avait pas fermé l’œil, probablement à cause du condiment qui accompagnait les poules de bruyère. Mais, surtout, il souhaitait donner à la presse et à la communauté scientifique un premier compte-rendu de cette extraordinaire mission. Reprenant le chemin de la ville avec ses équipiers, il avait autorisé la journaliste à demeurer sur place quelques heures encore, accompagnée du stagiaire : elle pour terminer son reportage ; lui pour établir un relevé topographique précis de la caverne. C’est alors, juste après le départ du professeur, que Franck et Daisy avaient assisté à ce coup de théâtre.

À peine l’équipe s’était-elle éloignée que les membres de la tribu avaient ramassé leurs outils, rassemblé les enfants et les vestiges du campement, comme s’ils se préparaient eux-mêmes au départ. Franck Wallace, surpris, avait essayé de poser quelques questions en recourant au langage des gestes. Une forme de nomadisme poussait-elle cette communauté à changer d’emplacement ? Était-ce l’incursion de visiteurs inattendus qui les conduisait à se cacher ailleurs ?

À sa grande surprise – et devant Daisy Bruno plus stupéfaite encore –, le grand sauvage qui se comportait depuis le début comme le chef de la tribu avait alors répondu dans un anglais parfait :

— Inutile de vous agiter avec vos bras. Je comprends tout ce que vous dites.

Puis il avait ajouté devant Wallace éberlué :

— Nous avons opté pour ce style de vie ; mais nous avons été à l’école, nous aussi…

— Quoi ? comment ça ? avait bafouillé le stagiaire.

— Oui, c’est un choix que nous avons fait. Nous nous sommes rencontrés sur Facebook, parce que nous croyons à la supériorité de la civilisation du néolithique : une existence fondée sur la chasse et sur la cueillette.

— Mais… cette langue mystérieuse que vous parlez ?

— Des grognements. N’importe quoi ! On s’explique discrètement en anglais dans votre dos. On a exagéré la mise en scène pour se protéger.

À ces mots, Daisy avait éclaté de rire ; puis les autres membres de la tribu s’étaient approchés, l’air narquois. Un garçonnet avait sorti son game boy et commencé une partie de Super Mario, tandis que la journaliste demandait :

— Mais, pourquoi ne pas l’avoir dit ?

— Vous pensez ! Jamais la société ne tolérerait qu’on vive de la sorte. Le fait de nous considérer comme de vrais sauvages nous protège, parce que nul n’ose s’en prendre à la dernière tribu. Du moins, pas immédiatement.

Les faits lui avaient donné raison, comme le soulignait Daisy Bruno en conclusion de son reportage. Seul le caractère sacré du peuple antique – ou supposé tel – l’avait préservé des attaques



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