L'impossible aveu by Nicole Provence

Auteur:Nicole Provence [Provence, Nocile]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions JCL
Publié: 2018-01-29T05:00:00+00:00

15. Inventeur du jaune baptisé jaune Guinon.

16. Inventeur de la pourpre française.

17. Membre de l’Académie des sciences de Lyon.

20

Louise dépérissait. Dans son entourage, on s’inquiétait, on se préparait au pire, mais on espérait un miracle. Aurélien ne manquait jamais de passer du temps à son chevet. Il lui tenait la main pendant qu’elle sommeillait, sentant confusément venir la fin d’une belle page de son existence. Son esprit ne lui laissait pas de repos. Il se félicitait cependant de n’avoir pas abordé le sujet de sa petite sœur inhumée au fond du parc. Il remerciait même Mathieu en pensée de l’en avoir dissuadé. Quelle importance avait un événement survenu quinze ans plus tôt ! Il apprendrait bien un jour ou l’autre les circonstances de ce drame.

De son côté, Louise regrettait de ne l’avoir pas préparé à cette découverte, qu’il ferait sans doute dans le plus grand désarroi. Il aurait eu le temps de l’accepter. Mais aurait-il accepté la vérité au sujet de sa mère biologique ? Devant son regard brûlant d’inquiétude chaque fois qu’il était auprès d’elle, elle différait de lui parler du passé. Il lui pardonnerait son silence, elle en était certaine. Son cœur avait été sincère ; elle n’avait jamais désiré le tromper, simplement jouir un peu égoïstement de l’affection qui les liait. Était-ce un péché ?

Ses remords concernaient essentiellement Aurélien et Aiglantine. Pour eux, le choc serait si rude, si violent, qu’il pourrait bien détruire leur vie à tous les deux. Si elle avait eu assez de force, elle aurait imploré l’aide de Mathieu en qui elle avait une confiance totale, mais, là encore, elle reculait. Il ne fallait pas compter sur son cher Julien, qui n’était plus lui-même depuis que le médecin lui avait annoncé l’issue fatale de sa maladie sans préciser de date, en espérant une rémission. Son époux lui consacrait pratiquement tous ses après-midi, laissant à Mathieu le soin de tout superviser.

L’ambiance était lourde, plus lourde que la chaleur qui engourdissait Charbonnières, forçant chacun à se réfugier dans la fraîcheur des pièces ou à l’ombre des grands cèdres qu’Aurélien avait adoptés.

Mathieu, lui, était fébrile ; il se demandait à quel moment Drevon se manifesterait pour fixer le prix de son silence. Il renonça à mettre Aiglantine au courant, sachant qu’elle en serait fortement perturbée. En outre, entre l’accompagnement qu’elle assurait à Louise et les soins qu’elle prodiguait à Iris, elle n’avait guère de temps à lui consacrer. Le soir, dans la grande chambre du premier étage, elle se réfugiait entre ses bras sans prononcer une parole. Il l’étreignait pour lui insuffler sa force et lui communiquer son amour.

Il se souvenait d’une certaine soirée de confidences dans la maison de Messimy, du courage qu’il lui avait fallu pour lui confier son secret et de la joie intérieure avec laquelle il avait accueilli ce témoignage de confiance. Il avait repoussé ses tourments d’un baiser et elle avait cru retrouver la paix à jamais. Effectivement, quatre années avaient passé depuis dans l’harmonie la plus totale et les joies d’un indiscutable amour réciproque.

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