L'imbroglio by Charles Zorgbibe

L'imbroglio by Charles Zorgbibe

Auteur:Charles Zorgbibe
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Éditeur: Éditions de Fallois
Publié: 2018-10-16T23:00:00+00:00


XIV.

Leahy, « au poste de combat »

Le dimanche 7 décembre 1941 au soir, l’amiral Leahy est à l’écoute de la BBC, sur un récepteur radio de la marine, installé dans une « petite pièce discrète », au second étage de sa résidence de l’avenue thermale. Le programme est brusquement interrompu ; le speaker annonce d’une voix calme que les Japonais ont attaqué la base navale de Pearl Harbor. Le communiqué donne peu de détails. Leahy, angoissé, réalise que la plus grande partie de la flotte du Pacifique devait être rassemblée là, en cette fin de semaine. Louise lui rappelle immédiatement qu’ils avaient été invités à dîner, deux jours auparavant, par l’ambassadeur du Japon, Sotomatsu Kato. Au contraire de son attitude habituelle, si courtoise, Kato avait peu parlé et avait semblé absent… Pourtant, il n’était certainement pas averti de l’attaque imminente.

Le lendemain matin, Leahy rassemble le personnel de l’ambassade – vingt-cinq personnes au total. C’est le moment de gagner « les postes de combat » – les tourelles et batteries du marin !

— Les Allemands peuvent donner aux « fantoches de Vichy » l’ordre de nous chasser. Ils peuvent aussi donner l’ordre de nous interner, ce que je veux éviter.

Deux routes de fuite sont étudiées : le trajet par l’Espagne est écarté – trop montagneux et permettant un probable guet-apens allemand ; mieux vaudrait gagner un port français de la Méditerranée et y embarquer à bord d’un providentiel paquebot américain. Reste à vérifier les dispositions prises pour la destruction des codes et des documents confidentiels, au bureau du chiffre, au troisième étage de la Chancellerie.

Les informations affluent par la station à ondes courtes de la National Broadcasting (NBC) : les pertes à Pearl Harbor s’élèvent à 3 000 hommes ; quatre des bâtiments atteints étaient bien connus de Leahy, qui avait servi sur le Nevada et l’Oglala, qui avait eu sa marque sur le croiseur Raleigh comme chef des destroyers, et dont le pavillon d’amiral à quatre étoiles avait été hissé sur le cuirassé California, cinq ans plus tôt, quand il avait commandé la flotte du Pacifique.

Le 8, dans la soirée, la NBC annonce que Roosevelt a demandé au Congrès de déclarer la guerre au Japon. Le 10, à midi, la station transmet des nouvelles du Pacifique – une série de désastres ! Le cuirassé anglais Prince of Walles et le croiseur Repulse ont été coulés au cours d’attaques aériennes japonaises, au large de la Malaisie. La prise-éclair de Hong Kong porte un autre coup au prestige impérial des Anglais. L’invasion des Philippines a commencé : Leahy a une pensée pour Douglas MacArthur, un ami de quarante années, aux talents reconnus… mais qui ne dispose que de forces réduites ; son neveu est en poste à l’ambassade de Vichy.

Le 11, à 17 heures, l’Allemagne et l’Italie déclarent la guerre aux États-Unis. Un acte irrationnel ? Un simple « engagement d’honneur » envers le Japon avait été contracté par Hitler et Mussolini mais l’état de guerre psychologique qui dominait, depuis des années, les relations d’Hitler avec Roosevelt ne pouvaient que pousser le Führer à combattre.



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