L'image de la mort by Frédéric Charles

L'image de la mort by Frédéric Charles

Auteur:Frédéric Charles [Charles, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNE 286
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1961-01-01T16:00:00+00:00


CHAPITRE VII

L’auto de Lansing franchit un portail de bois peint en blanc et roula à petite allure dans une large allée semée de gravier. Elle stoppa devant le perron d’un large bâtiment clair et neuf, à l’entrée duquel un panneau annonçait « Hôpital Psychiatrique ».

Holliday se tourna vers son mentor.

— Qu’est-ce que vous venez fiche ici ? demanda-t-il.

— Vous y déposer, répondit l’inspecteur en rougissant un peu.

Le rescapé de la chaise ne répondit pas, mais il y eut dans tout son individu une espèce d’affaissement.

— Correct, non ? murmura Lansing.

— Correct, dit Holliday.

— Je ne peux pas vous trimbaler avec moi pendant toute l’enquête, vous le comprenez, j’espère ?

— Très bien.

— Et je ne peux pas non plus vous lâcher dans la nature. Alors il reste ce moyen… jusqu’à nouvel ordre. Vous ne serez pas mal soigné. C’est un truc moderne avec des tas d’aménagements intéressants…

Ils descendirent et pénétrèrent à l’intérieur du bâtiment. Lansing fit appeler le docteur Blümer, lequel était un ami à lui. En attendant l’arrivée du psychiatre, Holliday tirait les ultimes bouffées d’une cigarette. La perspective de cette nouvelle détention le navrait. Certes elle était préférable à la mort, mais l’homme est un animal qui s’habitue très vite aux miracles. Pendant vingt-quatre heures, il s’était cru libre. Il lui avait semblé qu’il franchissait le seuil d’une nouvelle vie pleine de promesses.

— C’est une détention à vie ? chuchota-t-il.

Lansing secoua la tête.

— Dites pas de c…, mon vieux. Considérez cette boîte comme une combine où je vous dépose en attendant d’avoir besoin de vous. Un de ces jours je viendrai vous récupérer…

Holliday sourit et jeta son mégot dans un cendrier sur pied. Le docteur survenait, sanglé dans une blouse blanche. C’était un garçon jeune et aussi athlétique que Lansing. Ils avaient appartenu à la même équipe de base-ball.

Il serra la main de son ami et coula un regard inquisiteur au « client » qu’on lui amenait.

— Je te présente Bob, dit l’inspecteur en montrant Holliday. Il fait un peu de dépression en ce moment. Il a un dada dont tu informeras ton personnel : figure-toi qu’il se prend pour un ancien condamné à mort qui aurait réchappé de la chaise électrique…

Le toubib sourit.

— Chacun ses marottes, fit-il d’un ton complice. Nous avons tous les nôtres.

Holliday restait de marbre. Cette atmosphère inconnue le déconcertait. C’était pire que le quartier des condamnés à mort de la prison. Là-bas, au moins, il n’était pas dépaysé. Mais ces gens en blanc l’épouvantaient.

Le docteur Blümer manda deux infirmiers et leur dit d’installer l’arrivant au second étage. Avant de se séparer, Lansing et Holliday échangèrent un regard lourd de sous-entendus. Ce qu’ils avaient à se dire, aucun mot du vocabulaire n’était susceptible de l’exprimer.

— Drôle de gars, murmura le docteur en le regardant tourner le coin du couloir.

— Plus drôle encore que tu n’imagines, assura Lansing. Garde-le-moi comme du lait sur le feu. Je préfère t’avertir : c’est un tueur.

— Je le fais boucler dans le quartier spécial, dit Blümer. Si on l’enfermait dans les coffres de la banque des États-Unis, il ne serait pas plus en sécurité.



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