Liban, la guerre sans fin by Jean-Marie Quemener

Liban, la guerre sans fin by Jean-Marie Quemener

Auteur:Jean-Marie Quemener [Jean-Marie, Quéméner]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Géopolitique
Éditeur: Plon
Publié: 2017-04-15T04:00:00+00:00


2. Mémoires de guerres au Liban (1975-1990), Actes Sud, 2010.

3. Les Escales, 2016.

4. Calmann-Lévy, 2009.

5

Trêve de civilités

La guerre civile libanaise laisse au Liban un autre héritage. Entre 1975 et 1990, les Libanais ont vécu dans une schizophrénie permanente. D’un côté un État en lambeaux mais s’accrochant à ses oripeaux coûte que coûte. Des périodes de trêve ou le « retour à la normale », concrètement impossibles, devaient quand même être des buts à atteindre.

Le Liban en a tiré une leçon qui perdure et prend de l’ampleur : « Aide-toi, et les Libanais t’aideront. » Les Libanais… pas Dieu et encore moins l’État.

La force de la société civile d’aujourd’hui tient ses racines dans la guerre d’autrefois et dans la reconstruction de l’immédiat après-guerre.

« Deux mouvements distincts rythment la structuration de la société civile libanaise, note la chercheure Julie Chapuis dans son étude sur “L’affirmation d’une société civile libanaise par les guerres1”. Le premier mouvement est celui de la guerre : marqué par une intensité conflictuelle forte, ce mouvement – ponctué par la guerre civile, par l’occupation israélienne et par la guerre de l’été 2006 – confirme l’émergence auparavant embryonnaire d’une nouvelle génération d’associations cherchant à se distinguer des causes et des effets du conflit qui les conduisent à se structurer collectivement. L’urgence qui caractérise ce temps conflictuel détermine les activités et oriente la stratégie des ONG. Le deuxième mouvement que constitue l’après-guerre, et la reconstruction qui l’accompagne, offre aux associations civiles de nouveaux thèmes de mobilisation leur permettant de s’engager vers une nouvelle stratégie, celle du développement. De même que les acteurs politiques et les forces armées, les acteurs sociaux adaptent leurs stratégies selon le degré de conflictualité dans lequel ils évoluent. »

Et la société civile libanaise évolue en terrain miné : confessionnalisme, archaïsme des institutions politiques, société mosaïquée…

C’est elle qui sonne la plupart du temps la fin des atermoiements politiques.

Été 2015, Beyrouth se réveille dans une odeur pestilentielle. Les ordures ne sont plus ramassées. Depuis le 17 juillet, le contrat qui liait la société d’évacuation de déchets Sukleen (appartenant au Premier ministre Saad Hariri) et l’État prend fin. Les ordures s’accumulent. La capitale étouffe. Et les solutions ne sont pas légion. La décharge habituelle, inaugurée pour durer cinq ou six ans dans l’immédiat après-guerre, est saturée. Elle déborde. Littéralement. Les politiques, au mieux, expliquent qu’ils ne peuvent rien faire, au pire, intriguent pour que l’on n’ouvre pas une nouvelle décharge dans leur circonscription. « La puanteur des ordures non collectées dans les rues de Beyrouth, disait une dépêche Reuters, est un rappel brutal de la crise gouvernementale qui touche le Liban, où les hommes politiques divisés par des conflits locaux et régionaux sont incapables de se mettre d’accord sur l’endroit où déverser les ordures de la capitale. » Ils étaient pourtant prévenus. En octobre 2010, devant les réticences du gouvernement à renouveler le contrat de sa société, Saad Hariri avait averti : « Soit les contrats sont prolongés, soit vous vous noierez dans les ordures. » Il est vrai que



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