L'homme de Lewis by Peter May

L'homme de Lewis by Peter May

Auteur:Peter May
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 40c58b41b6eb75f13c1fbe8adcc16336d3cc938a
Éditeur: Éditions du Rouergue
Publié: 2011-01-15T00:00:00+00:00


« Papa, il faut que tu enlèves ton pantalon. Il est encore humide. »

En effet ! Il a dû se mouiller sur le bateau. Je me lève mais je n’arrive pas à baisser la fermeture Éclair. Elle m’aide à l’ouvrir et je l’enjambe après qu’il soit tombé au sol. Maintenant elle me retire mon pull. Ça va plus vite de la laisser faire. Mais je peux m’occuper tout seul des boutons de ma chemise. Je ne sais pas pourquoi, mais mes doigts sont raides et maladroits ces jours-ci.

Je la regarde pendant qu’elle va à la penderie pour y prendre un pantalon propre et une chemise blanche bien repassée. Elle est vraiment mignonne.

« Tiens, papa », dit-elle en me tendant la chemise. « Tu veux la mettre tout seul ? »

Je tends la main et lui caresse le visage. J’éprouve tant de tendresse pour elle. « Tu sais Ceit, je ne sais pas ce que j’aurais fait s’ils ne t’avaient pas amenée sur l’île toi aussi. J’ai vraiment pensé que je t’avais perdue pour de bon. »

Je vois à son regard qu’elle ne semble pas comprendre. Ne réalise-t-elle pas ce que je ressens pour elle ?

« Eh bien, je suis là maintenant », me dit-elle. Je lui réponds par un sourire radieux. Tant de souvenirs et d’émotions.

« Tu te souviens quand nous ramassions les algues sur la côte ? » je lui demande. « Dans ces grands paniers sur ces petits chevaux. Pour fertiliser le feannagan. Je t’aidais à ramasser les tiennes. »

Pourquoi fronce-t-elle les sourcils ? Peut-être qu’elle a oublié.

« Le feannagan ? », dit-elle. « Des corbeaux ? » ajouta-t-elle, en anglais cette fois-ci. « Comment peut-on fertiliser des corbeaux, papa ? »

Qu’elle est bête ! Je m’entends rire. « C’est comme cela qu’ils les appelaient, bien sûr. Et nous, ils nous appelaient les Grosses Patates. »

À nouveau, elle agite la tête et soupire. « Oh, papa. »

Bon sang, j’ai envie de la secouer ! Pourquoi ne se souvient-elle pas ?

« Papa, je suis venue te prévenir que je dois aller à Glasgow pour passer des examens. Je ne serai donc pas là pendant deux jours. Mais Fionnlagh viendra te voir. Ainsi que Fin. »

Je ne sais pas de qui elle parle. Mais je ne veux pas de visiteurs. Je ne veux pas qu’elle s’en aille. Elle ferme les boutons de ma chemise et son visage est tout près. Alors je me penche pour l’embrasser doucement sur les lèvres. Elle semble surprise et fait un bond en arrière. J’espère que je ne l’ai pas mise mal à l’aise. « Je suis tellement content de t’avoir retrouvée, Ceit », lui dis-je pour la rassurer. « Je n’oublierai jamais les jours passés à La Résidence. Jamais. Et les tourelles de la maison de Danny que l’on voyait depuis le toit. » Cela me fait rire d’évoquer ces souvenirs. « Juste pour nous rappeler notre place dans le monde. » Je baisse la voix, fier de ce que nous sommes devenus. «



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