L'homme aux rubans noirs by Aillon Jean d'

L'homme aux rubans noirs by Aillon Jean d'

Auteur:Aillon, Jean d' [Aillon, Jean d']
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Historique
Éditeur: Titinefleming - Gigatribe (Martine - TAZ)
Publié: 2009-12-31T23:00:00+00:00


7.

À la lumière vacillante des chandelles de suif, ils remontèrent jusqu’à la rue des Deux-Portes où se situaient plusieurs cabarets que fréquentait Gaufredi.

La ville était déserte à cette heure tardive et ils n’entendaient que les tintements de cloches et les Priez Dieu pour les trépassés ! des clocheteurs qui passaient près des églises et des cimetières. Parfois, des clameurs assourdies provenant d’un cabaret encore ouvert leur rappelaient que tout le monde n’était pas couché. Plus dangereuses, quelques ombres furtives se laissaient entrevoir par instants dans les recoins, les impasses, ou les porches profonds. Cette faune nocturne guettait le passant isolé pour le voler ou le meurtrir.

Les trois hommes ne la craignaient guère. Bauer marchait en tête, agitant sa chaîne comme un fléau d’arme quand il distinguait un mouvement suspect. Louis suivait avec la lanterne et Gaufredi fermait la marche, un couteau à la main, à peine dissimulé sous son manteau.

Ils rejoignaient par moments des miséreux aux ulcères béants, souvent estropiés, se déplaçant péniblement sur des béquilles et apparemment accablés de souffrances. Gaufredi leur adressait un salut amical. Ceux-là se rendaient au même endroit qu’eux, dans cet asile où tous leurs maux disparaîtraient… comme par miracle.

En marchant, Gaufredi expliquait à voix basse à ses compagnons ce qu’il savait sur la cour des miracles, car il était le plus ferré sur ce sujet. Le vieux reître avait pour habitude de se rendre au Roi d’Argot, gargote infâme située dans l’enchevêtrement des ruelles et des culs-de-sac qui s’étendaient derrière la rue Mauconseil. C’était un des plus redoutables cabarets de Paris, fréquenté surtout par des estafiers et des déserteurs. Mais contrairement à bien d’autres établissements du même acabit où l’on servait du vin frelaté, ou même du bois de teinture, au Roi d’Argot on buvait pour presque rien les meilleurs vins de France, volés bien sûr chez quelques négociants, et vendus sans taxes.

Là-bas, il s’installait à une table et, pendant qu’il savourait son vin, il écoutait ses voisins. Avec son allure de coupe-jarret, il avait tout de l’honorable gueux de Paris !

— Il y a toutes sortes de crapules dans la cour des miracles. Certes, les plus redoutables sont les truands organisés en bande qui s’attaquent la nuit aux maisons bourgeoises. Ceux-là volent et tuent pour quelques sols avant de retourner dans leur refuge pour ripailler. Ce sont souvent des criminels endurcis, des condamnés au pilori, des évadés des galères ou encore des déserteurs qui ont échappé à l’estrapade99. Ils viennent de la France entière, espérant trouver fortune à Paris et se surnomment entre eux les gaudins, les feuillards, les drilles, les narquois ou les francs taupins.

— Lorsque jetais au collège de Clermont, j’ai rencontré le frère de celui qui commandait la bande des Rougets et les Grisons100, expliqua Louis à Bauer.

— Vous avez aussi connu l’Échafaud, monsieur, quand vous étiez entré dans sa bande pour empêcher le duc de Beaufort de tuer Son Éminence, intervint Gaufredi101.

Bauer hocha la tête. Il connaissait aussi l’aventure de son maître au sein de la bande de l’Échafaud.

— C’est vrai, fit Louis en frissonnant à ce souvenir.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.