L'homme au torque d'or by Green Simon R

L'homme au torque d'or by Green Simon R

Auteur:Green,Simon R. [Green,Simon R.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 2841724115
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 2007-01-05T10:34:50+00:00


Ce fut le principe de base pendant des années. Molly et moi courions après un objet ou une personne, toujours dans des camps opposés, plus que disposés à tuer l’autre pour l’empêcher de faire main basse sur la personne ou l’objet. Parfois c’était moi qui gagnais, parfois c’était elle, et globalement je dirais que nous étions à égalité. Je ne peux même pas dire que je l’avais jamais haïe, et je fus soulagé d’apprendre qu’elle était dans le même cas. Il ne s’agissait que d’une rivalité professionnelle. Rien de personnel. Sauf que, d’une manière détournée, je crois que ça avait fini par le devenir. Rien de mieux qu’essayer de tuer quelqu’un pendant des années pour apprendre à le connaître et à l’admirer. Pour prendre conscience de ses qualités.

« Combien de gens as-tu tués, Eddie ? » finit par me demander Molly, les genoux serrés entre les bras.

Je haussai les épaules. Ce n’était pas que la question me mettait mal à l’aise. Pas vraiment. Mais je ne me la posais pas souvent. « Ça fait des années que j’ai arrêté de compter. Et toi ?

— Étonnamment peu, à bien y réfléchir. Ce n’est pas rien, tuer quelqu’un. On ne tue pas seulement une personne, mais toutes les personnes qu’elle aurait pu devenir, et tout ce qu’elle aurait pu faire.

— C’est parfois le but. » J’avais besoin qu’elle comprenne mon point de vue : j’étais un agent, pas un assassin. « J’aime me dire que je n’ai jamais tué que pour me défendre ou protéger le monde. Pour éviter des souffrances et des morts inutiles. Mais au bout du compte… mon boulot, c’était de faire ce qu’on me disait de faire. J’obéissais, parce que j’avais confiance en ma famille. Si on me disait que quelqu’un devait mourir, je supposais qu’il y avait une bonne raison. À ma décharge, je dois dire qu’en général il n’y avait pas photo. J’ai vraiment tué quelques immondes salopards. Je pourrais te citer des noms…

— Je les connais sans doute déjà. Tu as une sacrée réputation, Eddie.

— Oui… j’en étais fier, avant. Mais pas seulement en tant que tueur, j’espère ?

— Euh… surtout, si. Tu n’as jamais été le roi de la subtilité.

— C’est ce que tu crois, glissai-je. La plupart de mes missions, je les ai effectuées en douceur, sans laisser la moindre trace. C’est à ça qu’on reconnaît un bon agent : il fait le boulot sans que personne s’en aperçoive.

— Si tu le dis, répondit Molly avec un sourire. Mais… tu n’as jamais remis en cause un de tes ordres ? une de tes missions ?

— Pourquoi l’aurais-je fait ? C’était ma famille. Tous, nous avons été élevés pour combattre les forces du mal, pour protéger le monde. Nous nous considérions comme les héros de l’histoire. Dans un monde dangereux, on ne pouvait se reposer que sur la famille. Alors je tuais ceux qu’elle me désignait. Et si quelquefois ça ne me plaisait pas trop… j’ai appris à vivre avec.

— C’est pour ça que tu vis seul.



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