L'esclave de Monsieur Solal by Esparbec

L'esclave de Monsieur Solal by Esparbec

Auteur:Esparbec [Esparbec]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Erotica, General, littérature érotique
ISBN: 9782364908468
Google: LERsDwAAQBAJ
Éditeur: Groupe CB
Publié: 2018-09-05T22:00:00+00:00


Des appels et des rires, un vacarme joyeux m’arrachèrent à ma contemplation. Je ressortis par la fenêtre. Les filles rentraient de l’école et tout le quartier s’éveillait ; on entendait dans les maisons voisines les autres enfants réclamer à grands cris. Marcel était toujours là-haut, morose, accoudé à la rampe. Ma sœur lui tira la langue, puis vint m’embrasser. Avec moi, les trois filles se montrèrent tout à fait naturelles. En voyant que la table était mise dans la belle pièce, elles poussèrent les hauts cris. Était-ce en mon honneur ? C’est dans la cuisine, d’habitude, qu’on prenait tous les repas, la belle pièce étant réservée aux grandes occasions.

— Votre cousin vient manger, leur annonça tante Marie. Le fils d’Angèle.

— Ludovic ?

Je vis rosir Gladys.

— Mais non, Ludovic fait son service militaire. C’est Bergame qui vient !

Aussitôt la lueur qui s’était allumée dans les yeux de l’aînée s’éteignit et Lili fit la grimace.

— Le curé ? Beuh !

— D’abord il n’est pas curé, il n’est que séminariste. Et puis curé ou pas, c’est quand même mon neveu. Vous allez me faire le plaisir de lui faire bonne figure !

Tandis que Gladys mettait les pâtes à cuire, ma tante alla se maquiller dans sa chambre. Quand elle en revint, parfumée, pomponnée, nous vîmes qu’elle avait changé de robe ; celle qu’elle portait maintenant, se boutonnant de haut en bas, s’ouvrait entièrement par-devant. Je surpris le clin d’œil sagace qu’échangèrent les deux grandes. Quant à Lili, elle ne parut rien remarquer d’anormal à la tenue de sa mère.

Là-dessus une longue silhouette funèbre traversa le patio et fit son entrée. C’était Bergame, une sorte de géant efflanqué, aux cheveux en brosse, au nez tombant, aux épaules étroites, qui suait la tristesse et la timidité. Il tenait dans ses grandes mains rougeaudes de paysan un paquet maladroitement ficelé qu’il remit à ma tante. Je ne sus que bien plus tard ce qu’il contenait, car elle le posa sur le buffet, et oublia de l’ouvrir. Elle le fit asseoir, lui offrit l’anisette, lui demanda des nouvelles de ses parents, avec qui elle était brouillée. Les trois filles, muettes, contemplaient leur cousin avec une stupéfaction qui n’aurait pas été plus grande si au lieu de Bergame un dromadaire était entré dans la maison. Son habit ecclésiastique en faisait un être à part, d’une sexualité mal définie. Il s’exprimait à voix basse, par une sorte de chuchotement confidentiel, et rougissait à tout propos. Je remarquai pourtant qu’il avait un solide appétit, et qu’il buvait sec. Me trompais-je ? J’eus l’impression que ma tante le faisait boire plus que de raison. Les filles partageaient probablement cette impression, car je surprenais souvent leurs regards sur leur mère, quand elle lui versait du vin.

— Mange, Bergame, mange. Bois, mon neveu. Le vin est excellent pour ta maladie. Ah, ce n’est pas sain cette vie qu’on vous fait mener. Non, ce n’est pas sain. Regarde les protestants, ils se marient, eux ! Tu ne m’ôteras pas de l’idée qu’il y a



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