Les yeux de la nuit by Irish William

Les yeux de la nuit by Irish William

Auteur:Irish,William [Irish,William]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Carré Noir [0193]
Éditeur: Gallimard
Publié: 2015-10-19T23:00:00+00:00


CHAPITRE III

ENQUETE : DOBBS ET SOKOLSKY

Sokolsky trimbalait la valise à échantillons. De la poche du manteau de Dobbs sortait un journal plié dans la longueur, comme on fait lorsqu’on a besoin de l’avoir sous la main pour le consulter souvent. Il était deux heures de l’après-midi. Ils apparurent tous deux brusquement au coin de la rue, surgissant de nulle part semblait-il, et se mirent à la descendre, sans un mot, pendant une cinquantaine de mètres.

— Par ici ! dit soudain Sokolsky, en obliquant vers le bord du trottoir pour traverser.

Dobbs le suivit.

— Tu te trompes, c’est pas là ! fit-il observer.

— Je le sais bien, mais tu n’as pas remarqué l’écriteau ? Sois logique. Si nous sommes censés chercher une chambre, nous n’allons pas passer devant cet écriteau pour nous adresser plus loin à une maison où il n’y en a pas !

— T’exagères pas un peu, des fois ?

Ils s’avancèrent, pressèrent sur un des boutons de sonnette, le battant s’ouvrit. Le temps d’entrer, une femme parut sur le seuil d’une porte donnant dans le vestibule.

— Qu’est-ce que c’est ?

— C’est pour la chambre. On a vu l’écriteau, en passant…

La figure se rembrunit visiblement :

— Pour vous deux ? En principe, je ne veux qu’un locataire. Deux personnes donnent trop d’ouvrage.

— Nous ne sommes pas sales, vous savez ! dit Dobbs, l’air furibard.

— Allons, Eddie ! dit Sokolsky pour le calmer.

— Je suis obligée de vous prendre le double, déclara la femme.

— Et combien ça fait, le double ?

— Dix dollars. Cinq pour chacun, annonça-t-elle après une légère hésitation.

— Rien à faire ! dit Dobbs. Viens, Bill…

La femme s’empressa de lâcher un peu de lest :

— Si vous voulez, je peux vous faire visiter. Vous verrez bien après.

— Tant que nous y sommes ! fit Sokolsky. On pourra peut-être s’arranger.

Tous trois montèrent voir la chambre.

— Alors, combien me proposez-vous ? demanda la femme. Je ne demande qu’à être raisonnable !

— C’est petit, déclara Dobbs, regardant de droite et de gauche, l’air dégoûté.

— Tenez ! Je vous la fais à neuf dollars, pour vous deux.

— Ouais ! fit Dobbs. Mais il n’y a qu’un lit, et à une place, encore !

— J’ai un lit de camp à la cave. Je vous l’installerai…

— C’est ça, je vois le coup d’ici ! Et c’est ma pomme qui se tapera le lit de camp ! protesta Dobbs, ulcéré. Je ne marche pas !

La femme perdit patience :

— Est-ce que vous vous imaginez que pour neuf dollars par semaine je peux vous donner deux lits, avec deux paires de drap à laver et le double de travail ? C’est impossible, et ce sera partout pareil !

— Rapplique, Bill ! dit Dobbs.

— Tant pis, nous sommes navrés ! fit Sokolsky, toujours protocolaire. Connaîtriez-vous, par hasard, quelque autre logement libre, dans le quartier ?

La femme était en train de les raccompagne : à la porte. Ses yeux étincelèrent :

— Dites donc ! Ce n’est pas parce que j’ai une chambre à louer qu’il faut me prendre pour un bureau de renseignements ! riposta-t-elle en leur claquant la porte.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.