Les traites négrières by Olivier Pétré-Grenouilleau

Les traites négrières by Olivier Pétré-Grenouilleau

Auteur:Olivier Pétré-Grenouilleau [Pétré-Grenouilleau Olivier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai - Histoire esclavage
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Des adieux qui n ’en finissent pas

L’adhésion de principe ou de façade des nations occidentales au système abolitionniste fut plus ou moins acquise à la fin des années 1810. De là à la mise en œuvre d’un système international de répression relativement efficace, au tournant des années 1840, il se passa plus que le temps d’une génération. De multiples raisons expliquent. on l’a vu, ce premier décalage. Mais l’institution d’un système de répression relativement efficace à l’échelle internationale ne suffit pas pour mettre un terme à la traite négrière. Entre sa mise en place et la fin officielle de la traite atlantique, il fallut attendre le tournant des années 1860, soit une bonne vingtaine d’années. Encore faut-il être prudent, car la cessation officielle de la traite par l’Atlantique ne signifie pas la fin de toute migration de main-d’œuvre plus ou moins contrainte en direction du monde colonial. L’histoire du déclin du travail forcé dans les colonies est celle d’adieux qui n’en finissent pas ; une « aube trompeuse », écrivit joliment Christopher Lloyd249. Pourquoi fut-il si difficile de sortir de ce système ?

On peut d’abord tenter de répondre à cette question en avançant des raisons « techniques ». S’accorder sur un système de répression est une chose, le faire fonctionner sur le terrain en est une autre. Sans revenir sur la traite illégale proprement dite (thème abordé au cours du chapitre III), il faut prendre en compte les conditions dans lesquelles les croisières de répression exerçaient leur mission le long des côtes africaines. Les hommes en faisant partie devaient se procurer des cartes, apprendre les particularités des côtes et bénéficier d’une logistique adéquate. Au Sénégal, les Français étaient installés à Saint-Louis et à Gorée, les Américains dans les îles du Cap-Vert. Ils étaient à ce titre beaucoup moins favorisés que les Anglais. Ces derniers tentèrent sans succès de prendre pied à Fernando Poo, plus proche des grandes zones de traite que leur colonie du Sierra Leone. Mais ils n’étaient jamais bien éloignés d’un havre battant pavillon britannique. Les opérations menées contre les négriers étaient parfois difficiles et coûteuses en vies humaines, notamment chez les captifs, que certains capitaines n’hésitaient pas à jeter à la mer, enchaînés, afin de faire disparaître des preuves trop compromettantes. L’illégalité conduisait à la ruse. La complexité des accords internationaux favorisait l’usage de faux pavillons et de faux papiers. De plus, les navires armés pour le commerce légitime ne se distinguaient pas facilement de ceux expédiés à la traite. Il fallait donc le plus souvent prendre ces derniers sur le fait, ce qui n’était pas facile. Sur le plan tactique, à la chasse aux négriers en solitaire succéda bientôt la poursuite à plusieurs. Le 17 mai 1820, quatre navires anglais et cent cinquante hommes d’équipage inauguraient une autre technique, celle de l’intervention localisée : bombardement du rio Pongo et débarquement de troupes de marine conduisirent à la destruction de trois villages et de plusieurs « captiveries ».

On critique parfois les résultats du système répressif. Mais il



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