LES TEMPLIERS by ALAIN DEMURGER

LES TEMPLIERS by ALAIN DEMURGER

Auteur:ALAIN DEMURGER [DEMURGER, ALAIN]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire
ISBN: 9782021008340
Google: nTNxKm6ioqMC
Éditeur: ÉDITIONS DU SEUIL
Publié: 2015-01-31T16:00:00+00:00


Cet aménagement des bateaux autorise un débarquement rapide et l’établissement d’une tête de pont. Au plus près du rivage, la porte est ouverte ; les chevaux, montés par leurs cavaliers, débarquent directement. Les hommes d’armes prennent position sur le rivage, et ensuite les gros bateaux ronds sont déchargés (des chevaux y sont aussi transportés). La croisade de Saint Louis avait provoqué une intense activité d’armement à Marseille et à Gênes. On sait qu’à Marseille les hospitaliers ont nolisé au comte de Forez un navire encore en chantier aménagé pour le transport de soixante chevaux et manœuvré par quarante et un hommes d’équipage1037. Mais on ignore si les templiers ont fait de même.

Il ressort de ces exemples fragmentaires, même s’ils sont finalement assez nombreux, que les templiers, pas plus que les hospitaliers, n’ont beaucoup investi dans l’armement maritime. Vers 1300, leur flotte se réduit à quelques navires. En 1306, le maître de l’Hôpital, Foulques de Villaret, s’est adressé à un Génois pour avoir les navires nécessaires à la conquête de Rhodes. Plutôt que d’entretenir de nombreux bateaux, les templiers ont préféré le plus souvent louer le service de navires marchands pour mener à bien des expéditions navales. Ainsi en est-il de ce nolis (location) d’un bateau génois et de ses cinquante-cinq hommes d’équipage conclu par le commandeur de Famagouste, Pierre de Varès, pour « aller en Syrie, à Tortose, Tripoli, Tyr et Acre ». Il ne s’agit pas de commerce, mais de lancer des raids et de razzier les côtes musulmanes, comme l’indique la mention des barques et des chevaux embarqués sur ce navire1038. Et inversement, les bateaux du Temple peuvent aussi être nolisés à des marchands occidentaux, comme la Santa Anna à Famagouste en mars-avril 13021039.

Il est plus important d’être installé dans les ports, d’y posséder un accès ou un quai, que de posséder des navires. Tel est le cas à La Rochelle, où l’enclos du Temple communique avec le port par un passage1040. À Toulon, l’acte de donation des seigneurs de Toulon, le 12 août 1224, autorise le Temple à construire des maisons du côté de la mer ; « les bateaux de la maison du Temple, et les galées et toutes les autres embarcations », ainsi que les bateaux nolisés par le Temple, pourront entrer et sortir du port sans payer de droits sur les produits des domaines de l’ordre ; les templiers pourront aussi transporter des pèlerins et des marchands avec leurs marchandises (mais ces marchands paieront des droits). Les templiers font percer la muraille pour se ménager un accès direct au littoral et accélérer le mouvement de chargement des bateaux qu’ils utilisent1041.

À Marseille, le principal port de la région, templiers et hospitaliers ont obtenu en 1212 du vicomte de la ville des privilèges importants qu’ils ont fait confirmer en 1216 par le jeune empereur Frédéric II : ils peuvent construire et maintenir des bateaux dans le port pour transporter vers la Terre sainte, ainsi qu’en Espagne, les choses leur appartenant, mais aussi des pèlerins et des marchands1042.



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